Les contrôles sanitaires durcis sur la frontière allemande avec la Moselle: «C’est une fermeture déguisée»

À partir de ce 2 mars 0h00, quelque 16.000 Mosellans travaillant en Sarre allemande subissent un renforcement du contrôle allemand sur la frontière. Pour être admis en Allemagne, toute personne en provenance du département français voisin doit se munir d’un test Covid négatif et avoir des raisons impératives de se déplacer.
Sputnik

L'Allemagne a décidé de filtrer tout passage en provenance de la Moselle voisine. Berlin impose désormais un test Covid négatif pour franchir la frontière. Un coup dur pour les travailleurs transfrontaliers du département français, classé en zone Covid à haut risque par l'Institut allemand de veille épidémiologique Robert-Koch. Loin d’être la plus mauvaise élève au niveau de la mortalité, avec ses 4-10 décès dus au Covid par jour, la Moselle inquiète les autorités à cause de l’apparition des variants sud-africain et brésilien qui y circulent.

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Au micro de Sputnik, Tristan Atmania, conseiller municipal et communautaire de Saint-Avold, juge la mesure «très problématique pour les travailleurs frontaliers».

«C’est incompréhensible pour les élus. Et c’est difficile à expliquer aux acteurs locaux, quand on nous rabâche l’Europe au quotidien», déplore Tristan Atmania.

Selon une étude menée par la direction générale du Trésor et de la Politique économique (DGTPE) sur la désindustrialisation de la France entre 1980 et 2007, les villes de l’actuel Grand-Est ont beaucoup souffert. Certains communes de la Moselle ont perdu jusqu’à deux tiers de leurs emplois en vingt-cinq ans.

«La plupart de ces travailleurs, avec un “emploi industriel” –dans l’automobile ou la métallurgie– qu’on trouve encore beaucoup dans la Sarre allemande, ne trouvaient pas de travail côté français depuis quelques années», souligne l’élu municipal.

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Pour l’instant, on manque de visibilité sur les conséquences des restrictions sanitaires frontalières, puisque les mesures sont mises en application progressivement sur vingt-quatre heures. Les contrôles sont «déjà mis en place par la gendarmerie française sur les péages d’autoroutes frontaliers», pour vérifier que les Allemands ont fait leur test, mais les restrictions côté français restent plus souples. «Les personnes qui résident à moins de 30 km de la frontière et entrent en France pour moins de vingt-quatre heures, les personnes qui franchissent régulièrement la frontière pour leur travail et les chauffeurs routiers devront toujours présenter un document justifiant leur passage, mais ils sont dispensés de l'obligation de test PCR de moins de soixante-douze heures», a précisé la préfecture.

L’élu local considère comme «rassurante» l’absence officielle de fermeture de frontière, soulignant néanmoins que «c’est une fermeture déguisée».

Communication locale et décisions centrales

«Au niveau local, nous avons une communication solide», assure Tristan Atmania. Et, si les échanges entre les élus locaux français et la Sarre sont constructifs, «notamment avec Tobias Hans, son ministre-président, ou Roland Theis, secrétaire d’État aux affaires européennes du Land de Sarre», au niveau fédéral ou national «c’est plus problématique».

«Les décisions viennent de Berlin et de Paris. Elles n’ont pas été prises après des constatations locales. L’annonce de cette restriction a été faite par Clément Beaune, secrétaire d’État, et le ministre Olivier Véran», signale notre interlocuteur.

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Peu importe que les Länder allemands jouissent d’une autonomie plus grande que les régions françaises, la gestion des frontières tombe dans une compétence fédérale. Le Robert Koch-Institut, établissement allemand central pour l'échelon fédéral, responsable du contrôle et de la lutte contre les maladies, a «classé la Moselle comme un territoire à haut risque, alors qu’il a très peu de données affirmant que le territoire représente un danger», estime Tristan Atmania.

«Nous souhaitons le retour à la normale de la circulation le plus rapidement possible. Nous avons demandé que les tests PCR et les tests antigéniques soient reconnus d’une manière bilatérale pour faciliter la vie des travailleurs», plaide l’élu de Saint-Avold.
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