Entre les agriculteurs et la grande distribution, ça sent le roussi… et non la rose. Dans plusieurs départements, les agriculteurs ont déposé des tonnes de fumier devant plusieurs enseignes. Notamment à Bernay, le Neubourg, Conches et Pont-Audemer.
L’objet de leur colère: la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (sic). Ce texte est plus couramment désigné sous son petit nom de loi EGalim ou loi Alimentation. Il a été promulgué le 1er novembre 2018. Cette promesse électorale d’Emmanuel Macron était censée améliorer le revenu des agriculteurs. À en croire les intéressés, cela n’a pas l’air de fonctionner comme espéré. Les enseignes de la grande distribution tardent à «insuffler plus d’éthique» dans les négociations commerciales entre le producteur et le distributeur.
L’un des organisateurs de l’opération coup de poing en Normandie, Amaury Levesque, est secrétaire départemental de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) de l’Eure. Il soutient au micro de Sputnik que la loi EGalim «n’est pas appliquée à son juste titre entre les agriculteurs et la grande distribution».
«Il n’y a pas longtemps, le chef de l’État a parlé de l’agriculture, lors de son déplacement en Bourgogne. Il a promis de faire le forcing pour que les grandes et moyennes surfaces appliquent cette loi», explique Amaury Levesque.
«Dans le cadre des négociations commerciales, dans notre département, l’enseigne Intermarché ne veut rien entendre! Par exemple, on a fait des relevés sur les prix du lait, il y a de gros soucis», renchérit un autre manifestant, Samuel Blaisot, au micro de Sputnik.
Pour l’agriculteur, «même Lidl et Leclerc font mieux». Ces enseignes seraient conscientes qu’«il faut faire quelque chose avec les agriculteurs français», pour éviter qu’il y en ait «de moins en moins».
Le but: une «prise de conscience des pouvoirs publics»
Leur opération a été menée avec des pincettes: rien n’a été «dégradé», constate, avec un sourire ironique, Samuel Blaisot. Mais l’agriculteur prévient que les actions suivantes pourraient être «moins sympas», si «Intermarché continuait comme ça».
«Ils n’étaient pas contents qu’on ait sali leur parking. Mais ils ne sont toujours pas revenus vers nous avec une promesse d’efforts tarifaires», signale Samuel Blaisot.
Dans le cadre de la loi EGalim, Intermarché encourt une amende de 150 millions d’euros «à cause de ses pratiques d’achats douteuses». Cette assignation concernait les «centrales internationales» du groupe, où Intermarché imposait à certains fournisseurs la conclusion d’un contrat international en Belgique, «pour pouvoir continuer à distribuer leurs produits dans le réseau Intermarché en France».
«Notre but était également de demander aux pouvoirs publics de faire en sorte que le distributeur revoie ses pratiques commerciales», conclut Samuel Blaisot.