Un groupe de légionnaires parti traquer les orpailleurs clandestins dans la jungle guyanaise s’est retrouvé dans une sacrée galère! Le site Opex360 révèle que des soldats français auraient passé soixante-douze jours dans la jungle, coupés du monde, faute d’hélicoptère disponible pour venir les récupérer. Des déboires relatés au média par le sénateur du territoire de Belfort, Cédric Perrin, également vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Ce dernier a pris part au déplacement en Guyane d’une délégation parlementaire au mois de décembre.
«En 2020, les FAG ont mené 986 patrouilles conjointes, ont saisi 197 kilos de mercure, 950 motopompes, 169 pirogues, 162 moteurs hors-bord et 283.000 litres de carburant, 162 tonnes de vivres. Le montant de l’ensemble des saisies s’est élevé à 19,6 millions d’euros d’avoir criminels», énumère André Chassaigne.
«Ces chiffres témoignent du niveau d’engagement extraordinaire des militaires», insiste le député communiste, qui revient sur l’ampleur de la lutte quotidienne de ces hommes dans le cadre de l’opération Harpie, cette mission de lutte contre l’orpaillage sauvage lancée en février 2008. Le nombre d’orpailleurs illégaux (les «garimpeiros») est estimé à pas moins de 10.000. Il y aurait un site d’orpaillage par soldat français! Venant majoritairement du Brésil voisin, ils sont attirés par l’explosion du cours de l’or qui aujourd’hui avoisine le 50.000 euros le kilo. Leur activité cause d’important dégâts environnementaux et handicape l’économie locale.
Quand les hélicos se font porter pâles
Les centaines d’exploitations clandestines sont éparpillées sur des dizaines de milliers de kilomètres carrés. Pour les débusquer, les combattants de Harpie sont particulièrement dépendant des moyens aériens. Le député Chassaigne souligne ainsi que «Harpie consomme de 75 à 80% du potentiel» de la base aérienne 367 de Cayenne-Rochambeau, «que ce soit pour le renseignement, l’appui feu avec tireurs embarqués ou le transport logistique». Or la base aérienne est également chargée d’assurer les évacuations sanitaires. Un impératif accaparant avec la crise du Covid.
«Les évacuations sanitaires, Covid ou hors Covid, sont prioritaires. Je rappelle qu’il n’y a ni service de cardiologie ni service de neurologie ni service de néonatalité en Guyane. Il faut évacuer vers les Antilles ou la métropole. Les opérations militaires passent après», souligne auprès d’Opex 360 le sénateur Cédric Perrin.
En effet, Opex360 rappelle la hausse de disponibilité des Puma au fil des ans. Elle atteint désormais un taux de l’ordre du tiers des appareils. Or le Caracal a beau être beaucoup plus récent, il fait à peine mieux dans ce registre, passant de 26,5% en 2017 à 42,7% en 2019. Donc, un tiers des Puma est opérationnel, là où moins d’un Caracal sur deux peut prendre l’air. Rappelons aussi le nombre d’appareils dans chaque catégorie: soixante-quatre Puma (chiffre en baisse constante) et dix-huit Caracal.
Autre manque de moyens pour les militaires de Harpie, souligné par le site d’information, celui des télécommunications.
«Il suffirait d’une enveloppe de 10.000 euros par an pour doter les FAG et les gendarmes de moyens satellitaires pour leurs patrouilles en forêt… Une somme à comparer aux 55 millions d’euros que coûte l’opération Harpie chaque année», explique Opex 360.
«Cela nous a souvent été dit», témoignait d’ailleurs André Chassaigne qui évoque d’autres pistes pour améliorer le quotidien des soldats de Harpie. Par exemple, fournir à chaque militaire un jet-boil, «un mug qui permet de réchauffer la nourriture et que tous s’achètent sur leur deniers personnels» note-t-il. Ou encore des Crocs «pour éviter la macération des pieds» en bivouac.
Autre élément «peut-être opportun» aux yeux d’André Chassaigne: reconsidérer la rémunération des soldats et surtout la manière dont celle-ci est imposée. En effet, les indemnités de services des soldats de Harpie sont fiscalisées, contrairement à celles de Sentinelle.
Outre la traque de l’orpaillage illégal, les 2.100 soldats français présents en Guyane doivent juguler le trafic de drogue, endiguer la pêche illégale (opération Polpêche) et assurer la sécurité du Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou (opération Titan).