La France sera-t-elle bientôt un immense champ d’éoliennes? D’ici 2028, près de 12.000 d’entre elles verront le jour à travers toute la France, en plus des 1.500 vieillissantes devant être remplacées.
Des fermetures actées par la PPE, rapidement éludées par Barbara Pompili lors d’une longue interview accordée à BFMTV. Interrogée dimanche 24 janvier sur la réduction du nucléaire amorcée sous Emmanuel Macron la ministre de la Transition écologique ne s’est alors projetée qu’à partir de 2035 et la future PPE, qu’elle entend voir arbitrée d’ici la fin du quinquennat.
Celle-ci devra statuer sur l’accentuation du recours aux énergies renouvelables, ainsi que sur le lancement des chantiers de six réacteurs EPR (réacteur européen à eau pressurisée) dont la France entend jusqu’à présent se doter. En somme, la réduction de la part du nucléaire de 70 à 50% à l’horizon 2035 n’est plus ouverte à la discussion. Des coupes supplémentaires dans le parc nucléaire tricolore pourraient être décidées avant la fin du quinquennat.
«J’aime bien entendre les “opinions” des uns et des autres, on peut tous avoir nos opinions, c’est très gentil Moi, ce que je veux, c’est avoir des faits», lance avec un certain mépris cette ex-élue EELV.
Des «faits, techniques» que le ministre dit alors attendre d’un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et de Réseau de Transport d’Électricité (RTE). Publié le 27 janvier, ce rapport commandé fin 2019 confirme la possibilité de drastiquement réduire la part du nucléaire dans la production énergétique et suggère même qu’elle pourrait être totalement éliminée d’ici 2050.
«Nous avons désormais la confirmation que tendre vers 100% d’électricité renouvelable est techniquement possible», s’est félicitée dans la foulée Barbara Pompili, s’enthousiasmant d’«un moment copernicien pour le monde de l’énergie.»
La réduction de la part du nucléaire entérinée
Un coup dur pour la souveraineté énergétique française. De quoi faire réagir la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen. Dans une tribune publiée par le Figaro le 27 janvier, la députée du Pas-de-Calais dénonce une «faute politique majeure» du gouvernement et voit dans cette volonté de réduire la part du nucléaire dans la production électrique française comme une «négation de l’impératif de souveraineté industrielle».
«Pire: nos gouvernants se montrent complaisants avec la désinformation menée depuis des décennies par certaines associations environnementales sur le sujet, Greenpeace au premier chef», assène la finaliste de la Présidentielle de 2017, qui rappelle que 125.000 emplois sont directement concernés en France par le nucléaire.
Aussi regrette-t-elle que le débat autour du nucléaire soit «confisqué» par une classe politique «incapable de se hisser à la hauteur des enjeux.» Pour 2022, Marine Le Pen annonce la couleur. Si elle est élue, elle lancera trois chantiers d’EPR supplémentaires et réactivera les recherches sur le réacteur à neutrons rapides (projet visant au «recyclage infini» des déchets nucléaires), un projet abandonné pour raisons budgétaires en 2019.
Nucléaire, troisième filière industrielle française
L’élue rappelle le poids économique et social que représente en France la filière nucléaire. Elle occupe en effet la troisième place dans l’industrie, après l’aéronautique et l’automobile, rappelait en début d’année Valérie Faudon, déléguée générale de la Société Française d’Énergie Nucléaire (SFEN) et vice-présidente de l’European Nuclear Society (ENS), dans un rapport publié sur le site de la Fondation pour l’innovation politique (FONDAPOL).
Au-delà de ce facteur, Valérie Faudon souligne les atouts qu’offre l’énergie nucléaire. Premier d’entre eux, et non des moindres, est justement la continuité de la production qui fait défaut à l’«intermittence» des énergies éolienne et photovoltaïque. Une stabilité qui tiendrait une part importante dans l’attractivité de la France.
«Une étude de 2017, réalisée dans de 81 pays, a ainsi montré que la disponibilité de l’électricité était le premier facteur en termes d’impact pour attirer les investisseurs, devant la liberté économique», relate la déléguée Générale de la Société Française d’Énergie Nucléaire.
En somme, les industriels recherchent un courant continuellement disponible et de qualité afin d’assurer leurs activités de production. Une attente dont s’éloignent forcément les autorités françaises lorsque, suite à la diminution de la production électrique du pays provoquée par la fermeture de Fessenheim, elles ont revu à la hausse les restrictions imposées aux entreprises l’hiver. Autres avantages mis en avant par cette ex-directrice du service marketing d’Areva: des coûts au compteur parmi les moins chers au monde, sans oublier que Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), une feuille de route pour une société «décarbonnée» publiée en 2015, «prévoit une augmentation de la consommation électrique nationale de 30% d’ici 2050.»
RTE: réelle expertise ou jeu de dupes?
Quant à l’achat d’électricité auprès de nos voisins, Valérie Faudon rappelle le désengagement progressif du nucléaire à l’œuvre chez ces derniers, qu’il s’agisse de l’Allemagne, ou du cas moins connu de la Belgique. Le plat pays a en effet tiré un trait sur son nucléaire suite à un accord électoral avec les écologistes, alors même que celui-ci représentait 50% de sa production d’électricité. Au-delà d’un risque de ne pas trouver de courant disponible chez nos partenaires européens en temps voulu, l’auteur du rapport rappelle que les achats français d’hydrocarbures, qui servent aux transports et à chauffer les logements, représentent déjà les deux tiers du déficit commercial tricolore.
On retrouve ainsi à la tête du directoire de RTE Xavier Piechaczyk, le conseiller énergie de l’ancien Président socialiste. Aujourd’hui promoteur du dernier rapport remis au ministère de l’Écologie, en novembre dernier, il n’avait pas manqué de défendre Barbara Pompili lors de la polémique autour des possibles black-out provoqués cet hiver suite à la fermeture de Fessenheim.
Passé juste avant lui à la présidence du gestionnaire de réseau: François Brottes, député PS à l’origine de la première loi énergétique du quinquennat Hollande. Bien évidemment, la dimension militante de Barbara Pompili, issue des rangs d’EELV et qui est parvenue à remporter une élection grâce à l’accord national entre le PS et les écologistes en 2012 n’est pas non plus à ignorer.