Alors que nombre de pays sur le continent africain attendent impatiemment la livraison de leurs premiers lots de vaccins, le Bénin ne se précipite guère. Sans fermer pour autant la porte à la possibilité de traiter sa population, Cotonou préfère observer le déroulement des campagnes de vaccination dans d’autres pays. C’est la position affichée par Alain Sourou Orounla, le ministre de la Communication et de la Poste porte-parole du gouvernement, dans un entretien avec Sputnik à paraître.
«Nous sommes attentifs à ce qu’il se passe dans le monde entier, mais nous sommes très circonspects par rapport à ces innovations que nous ne maîtrisons pas», affirme-t-il.
Pourtant, le Bénin fait partie des 92 pays déclarés éligibles à l’initiative Covax, mise en place par l’Alliance du vaccin (GAVI) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
«Nous observons les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé avec les principes de précaution, de prudence et de prévention qui sont les nôtres et qui nous obligent à regarder de plus près ce qui est proposé aujourd’hui sur le marché», poursuit le ministre.
Cette prudence rappelle la polémique dite des «tests de vaccins en Afrique» déclenchée à la suite des propos de deux scientifiques français qui évoquaient en avril 2020, sur un plateau télévisé, la possibilité de mener des recherches sur le vaccin contre le Covid-19 en Afrique. Une séquence qui avait provoqué à l’époque l’ire de nombreux Africains et fait réagir en haut lieu, jusqu’à Alain Sourou Orounla lui-même.
Le positionnement des autorités semble, en tout cas, en accord avec une partie non négligeable des citoyens. Beaucoup de Béninois ne cachent plus leur méfiance quant aux possibles effets indésirables des vaccins ou leur efficacité.
Dans différentes publications sur les réseaux sociaux, il arrive souvent que les opinions formulées par les uns et les autres se basent sur des informations non vérifiées, voire dans certains cas, carrément fausses.
Ce qui semble également conforter le gouvernement dans cette position attentiste, c’est probablement le faible taux de contamination dont se prévaut la population, comparé à ses voisins et d’autres États du continent africain. Certes, les cas encore sous traitement dans l’ensemble du pays ont grimpé –de 62 à 227 entre mi-décembre 2020 et mi-janvier 2021– mais le Bénin demeure relativement épargné.
Le pays garde ainsi «la tête froide», se réjouit le ministre Orounla, en faisant également référence aux frontières demeurées ouvertes depuis la détection du premier cas, le 16 mars 2020. La fermeture des frontières ne faisait pas partie des mesures restrictives fortes pour limiter la propagation du virus qui avaient été prises par le gouvernement. C’est tout le contraire de ce qui a été observé dans d’autres États de l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), auquel appartient le Bénin.
«Tout le monde a fermé ses frontières autour de nous, c’est leur droit. Sans vouloir leur jeter l’opprobre, ils ont agi par excès de précautions», commente le porte-parole du gouvernement.
Entre-temps, le Bénin s’est penché sur un plan de riposte au Covid-19 qui, affirme-t-il, «est en train de porter ses fruits».