Le Président centrafricain, tout juste réelu, s'exprime sur son deuxième mandat - exclusif

Dans un entretien exclusif à Sputnik, Faustin-Archange Touadéra, Président centrafricain réélu et officiellement proclamé vainqueur par l’Autorité nationale des élections, s’exprime sur son deuxième mandat.
Sputnik

Sputnik: Par quoi allez-vous démarrer votre deuxième mandat? Quelles choses primordiales se placent devant vous aujourd’hui?

Faustin-Archange Touadéra: Le peuple centrafricain m’a redonné sa confiance pour un deuxième mandat. Comme vous le savez, nous avons démarré beaucoup de programmes, beaucoup de projets, notamment en matière de paix et de sécurité. Ces programmes vont se poursuivre. Quelques projets vont démarrer dans le domaine de l’énergie et des infrastructures. En matière de réformes des finances, nous venons de signer un programme avec le Fonds monétaire international. Nous allons relancer l’agriculture, puisque la majorité de la population en vit. Nous allons travailler en ce sens pour que la production puisse être améliorée.

Faustin-Archange Touadéra : "Ceux qui aiment ce pays doivent aller vers la paix."

Nous allons également améliorer les infrastructures dans le domaine de l’éducation et de la santé, où nous comptons renforcer nos capacités en termes de recrutement.

Sputnik: L’opposition qualifie de «politique» la décision de la Cour constitutionnelle sur les résultats des élections. Que répondez-vous aux représentants de l’opposition, qui évoquent une «mascarade électorale»?

Faustin-Archange Touadéra: Notre opposition, depuis très longtemps, ne veut pas aller vers des élections. Ce qui les intéressait, c’était une transition. Mais nous avons une Constitution: aujourd’hui pour accéder au pouvoir, il faut passer par le principe électoral. Suivant la Constitution, on devrait vraiment organiser des élections pour que les Centrafricains aient la possibilité de choisir leur dirigeant. Or, l’opposition ne voulait pas aller aux élections, ce qui est tout à fait surprenant. On a créé toutes les conditions pour empêcher les Centrafricains d’aller voter. Nous avons tout fait pour que les Centrafricains aillent voter.

De fait, avec détermination, les Centrafricains, les femmes, les jeunes et même les plus âgés se sont alignés pour aller aux urnes. Cela montre leur engagement.

Voilà ce que j’ai à dire à l’opposition: au lieu de condamner ceux qui veulent arrêter le processus électoral, ils n’ont rien dit, ils ne font que des reproches au gouvernement et aux partenaires qui ont aidé à organiser les élections. Ce qui est incompréhensible.

Le Président centrafricain lève le voile sur les missions russes dans le pays - exclusif

Sputnik: Le pays se trouve toujours dans une situation sécuritaire préoccupante, la réunion au sujet de la RCA du Conseil de sécurité de l’Onu est prévue pour le 21 janvier. Qu’est-ce que la Centrafrique compte obtenir durant cette réunion?

Faustin-Archange Touadéra: Nous sommes membres des Nations unies. Aujourd’hui, la République centrafricaine est agressée. Nous voulons que les Nations unies puissent voter des résolutions claires et fermes, contre les auteurs de cette déstabilisation, et contre ceux qui veulent mettre à mal notre processus démocratique. C’est l’objectif recherché.

Depuis l’embargo, nos forces de défense et de sécurité ont beaucoup de difficultés pour avoir les moyens de défendre les institutions et les valeurs démocratiques. Aujourd’hui, des groupes armés détiennent des armes de gros calibre, que les forces armées n'ont pas l'autorisation d'avoir. Comment allons-nous défendre nos institutions si nous n’avons pas les mêmes moyens?

La MINUSCA, qui nous aide en République centrafricaine, a aussi des difficultés et n’a pas les moyens de sa mission. Il n’y a pas par exemple d’hélicoptères de combat. Vous voyez bien que les Casques bleus font aujourd’hui l’objet d’attaques et d’embuscades. Nous avons perdu deux Casques bleus pas plus tard qu’hier [lundi 18 janvier, ndlr].

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Et nous allons bien entendu demander à ce que l’embargo soit purement et simplement levé, pour que nos forces aient les moyens de protéger la population et de remplir leur mission.

Sputnik: Les 300 instructeurs russes envoyés en RCA en décembre seront bientôt retirés, ce qui a été confirmé par des diplomates russes à l’agence France-Presse. Est-ce une information fiable donnée à l’AFP?

Faustin-Archange Touadéra: À ma connaissance, non.

Pour l’instant, je n’ai pas été informé officiellement de cette situation et je pense que non.

Connaissant la situation, nous demandons donc à la Fédération de Russie de continuer à nous appuyer dans le domaine de la sécurité, et bien d’autres encore.

La situation est assez difficile, car nous faisons toujours face à des mercenaires et à des groupes armés qui recrutent des mercenaires étrangers. Vu que notre armée, qui est en reconstruction, est encore sous embargo, nous avons besoin du soutien de pays amis tels que la Fédération de Russie, les pays de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale ou encore le Rwanda.

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