L’opération antiterroriste menée le 2 janvier dernier à Messelmoune, localité côtière aux reliefs boisés située dans la wilaya (département) de Tipasa (150 kilomètres à l’ouest d’Alger), pourrait bien clore définitivement le dossier de la présence de Daech* sur le territoire algérien.
Une existence brève, mais violente
L’opération a permis la récupération d’un arsenal de guerre composé de trois fusils d’assaut Kalachnikov, d’un fusil mitrailleur RPK et de deux fusils à pompe. L’armée algérienne a cependant perdu deux militaires lors l’accrochage avec ce groupe.
L’élimination de ces six terroristes a conduit le chef d’état-major, le général Saïd Chengriha, à effectuer une visite sur le terrain pendant que le ratissage se poursuivait encore. Un acte qui ne s’était pas produit depuis au moins une quinzaine d’années, estiment les observateurs de la scène sécuritaire algérienne. Sa présence souligne l’importance de cette opération qui devrait mettre un terme définitif aux activités d’un groupe terroriste particulièrement violent, mais dont l’existence a été brève.
Le général Chengriha sur le terrain des opérations à Mousselmoune.
En septembre 2014, Gouri Abdelmalek, dit Khaled Abou Souleïmane, un terroriste qui dirigeait la katiba El-Arkam –une phalange d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)* dans la région du centre de l’Algérie–, a fondé Djound el Khilafa. Il a aussitôt annoncé son ralliement à l’État islamique*, l’organisation terroriste créée en 2008 en Irak par Hamid Daoud Muhammad Khalil al-Zawi, plus connu sous le nom d’Abou Bakr al-Baghdadi.
Traque, suite et fin
Sur le terrain, l’armée algérienne a multiplié les ratissages en Kabylie, notamment dans les wilayas de Tizi-Ouzou, Bouira et Boumerdes. Le 22 décembre 2014, une unité militaire a éliminé trois terroristes, dont Gouri Abdelmalek. Djound el Khilafa perd ainsi son premier émir. Il est remplacé sur-le-champ par Bachir Kherza, dit Abdullah Othman al-Asimi, accusé d’être l’exécuteur d’Hervé Gourdel. Traqués par l’armée, les «Soldats du califat» peinent à s’organiser. Les 19 et 20 mai 2015, dans la localité de Ferkioua près de Bouira (100 kilomètres à l’est d’Alger), les militaires algériens lancent une offensive contre Djound el Khilafa. Bilan de l’opération: 22 terroristes tués, dont leur chef Abdullah Othman al-Asimi.
Ces six «Soldats du califat» semblent être passés entre les mailles des filets sécuritaires et sont parvenus à se terrer dans cette région située à l’ouest de leur zone d’origine. Mais le terrorisme sévit encore en Algérie, principalement du fait d’AQMI*. Jeudi 14 janvier, cinq chasseurs ont été tués à la suite de l’explosion d’une bombe de confection artisanale lors du passage de leur véhicule utilitaire à Oued Khenig-Roum près de la commune de Telidjane, dans la wilaya de Tébessa (650 kilomètres à l’est d’Alger). Trois autres chasseurs ont été blessés. Dans la même région, un terroriste armé a été éliminé à Oued Boudekhane. Les moyens de communication qui étaient en sa possession laissent penser qu’il activait au sein d’un groupe.
* Organisation terroriste interdite en Russie.