Bavure française au Mali? «S’il y avait une erreur, l’armée le reconnaîtrait», selon un ex-ambassadeur de France

Alors que la France rend hommage à ses soldats tués au Mali, la Force Barkhane est accusée d’avoir tué une vingtaine de civils, ce que l’armée récuse, évoquant l’élimination de djihadistes. Si l’affaire remet encore en cause la présence française, Nicolas Normand, ex-ambassadeur de France à Bamako, estime que Barkhane est vitale à l’unité du pays.
Sputnik

Frappes contre des djihadistes ou bavure sur des civils? Les deux versions, celle de la Force Barkhane et de locaux, divergent du tout au tout sur les évènements du 3 janvier dans le secteur de Hombori, au centre du pays.

Présente sur place, Médecins sans Frontières a finalement déclaré le 6 janvier prendre «en charge des blessés suite à des bombardements» sans indiquer la présence de civils, en observant deux villages touchés, Bounty et Kikara.

Si Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali (2002-2006), appelle à «attendre que la lumière soit faite», il se fie aux autorités: «s’il y avait une erreur, l’armée française le reconnaîtrait, puisqu’elle a toujours reconnu.» Depuis l’arrivée des troupes françaises dans le Sahel, il estime par ailleurs que «ces accidents sont extrêmement rares.»

Alors que l’État-major des Armées a affirmé au Monde «continuer d’étudier» ces évènements, une telle polémique, indépendamment de la véracité des faits, ne peut que renforcer la défiance des populations locales envers les 5.100 soldats français présents au Sahel. L’ex-diplomate est lucide, pointant ainsi «un problème de popularité» de l’armée française auprès d’une partie de l’opinion publique malienne, qui ressent «Barkhane comme une armée d’occupation

Lignes rouges –Jean-Baptiste Mendes reçoit Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, Congo, Sénégal, Gambie. Il est l’auteur du «Grand livre de l’Afrique» (Éd. Eyrolles, 2019)

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