516: c’est le nombre de vaccinés que l’on dénombrait dans l’Hexagone au 1er janvier, d’après les chiffres d’Olivier Véran. Illustration de la circonspection des Français à l’égard du vaccin américain ou énième embourbement des autorités françaises à l’occasion de cette crise marquée par les polémiques?
Le mauvais départ que semble prendre la France en matière de vaccination fait donc écho à ses autres échecs en termes de gestion de l’épidémie. Annoncée récemment, la création d’un «comité citoyen» afin d’«accompagner» la politique vaccinale française ne suffit pas à rassurer les sceptiques. Au contraire, elle renforce la perception qu’ont les Français d’un certain amateurisme au sommet de l’État. Une impression rarement démentie depuis le début de la crise sanitaire.
«Les autorités françaises sont spécialisées dans les plantages», déplore au micro de Sputnik un médecin généraliste souhaitant conserver l’anonymat à la suite des récentes prises de position de l’Ordre des médecins. «Ils se sont plantés sur les masques. Ils se sont plantés pour les tests PCR. Ils se sont plantés sur les lits de réanimation qu’ils n’ont pas été capables d’augmenter réellement depuis la première vague.»
«Ce qui compte, c’est la mise en place de cette campagne de vaccination», balayait le professeur Alain Fischer sur LCI. Interviewé à la toute fin décembre sur cet écart du nombre de vaccinés entre les pays européens, le «monsieur Vaccin» du gouvernement a noyé le poisson de l’aspect logistique pour ce produit devant être conservé à –70°C.
S’agit-il donc d’un problème de logistique? Dans une puissance économique, mais surtout militaire comme la France, un tel problème semble inenvisageable au XXIe siècle.
Scandales et Big pharma: de fâcheux précédents
Pour autant, ce retard à l’allumage en France n’est pas forcément une mauvaise chose selon notre intervenant. Il cite un rapport de la mi-décembre émanant des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (organismes américains dont l’ensemble est constitué en agence fédérale). Selon le document en question, un certain nombre de vaccinés souffrent d’effets secondaires incapacitants. L’agence publique états-unienne souligne ainsi que, sur 112.807 personnes vaccinées, 3.150 se sont vu prescrire des arrêts de travail.
«C’est-à-dire qu’on a 2,76% de gens qui ont des effets secondaires graves, qui les empêchent de travailler», insiste le médecin «alors que le virus tue 0,05% de la population. Donc le vaccin provoque 60 fois plus d’effets secondaires que le virus ne tue de personnes.»
Autre élément que le docteur rappelle, insistant sur la «méfiance» qu’une grande partie de ses patients exprimeraient vis-à-vis de ce vaccin développé en un temps record: l’image des laboratoires ébranlée par les scandales sanitaires. En tête de liste: Merck, deuxième plus gros groupe pharmaceutique au monde devant Pfizer, qui demeure entaché par l’affaire du Vioxx. Ce substitut à l’aspirine a provoqué un scandale aux États-Unis au début des années 2000, où il est tenu responsable d’au moins 40.000 morts (3.468 décès reconnus par Merck, 500.000 décès suspectés à en croire l’hebdomadaire britannique The Week) en seulement cinq années de mise sur le marché. En 2007, la firme a mis fin aux poursuites en versant 4,85 milliards de dollars aux plaignants.
Dans le cadre de la vaccination anti-Covid, la Commission européenne qui a signé les contrats d’approvisionnement avec les différents laboratoires reconnaît une prise de «risques potentiels» dans l’élaboration d’un vaccin dans un délai si «exceptionnellement court», relatait mi-décembre Le Parisien. Ainsi, une partie des dépenses que pourrait induire le traitement des patients atteints d’effets secondaires restera à la charge du contribuable.
Pas très rassurant de la part de Bruxelles, qui en octobre a passé commande de 500.000 traitements de Remdesivir auprès de Gilead. Ce laboratoire américain avait jugé bon de ne pas informer l’exécutif européen des résultats de l’étude de l’Organisation mondiale de la santé concernant son traitement. L’OMS ayant recommandé de ne pas administrer de Remdesivir aux patients hospitalisés, quelle que soit la gravité de leurs symptômes.
«Pour dissiper les craintes de la population, il faudrait que le gouvernement assume son choix: que le gouvernement et l’ensemble des hauts fonctionnaires du ministère de la Santé ainsi que, par exemple, les professeurs de la société française des pathologies infectieuses de langue française [SPILF, ndlr.] se fassent tous vacciner. Cela ne va utiliser que quelques centaines de vaccins, ce qui ne fait pas beaucoup par rapport au stock commandé, mais cela aura l’avantage de donner confiance à l’ensemble de la population qui en a bien besoin», conclut le médecin.