«Armé d’un pistolet automatique Glock et d’un fusil d’assaut AR15 muni d’un réducteur de son, d’une visée laser et d’une torche, il avait aussi quatre couteaux et un gilet pare-balles.» Éric Maillaud, procureur de la République de Clermont-Ferrand, a décrit l’arsenal impressionnant en possession du forcené qui a tué trois gendarmes et blessé un quatrième, dans le Puy-de-Dôme dans la nuit du 22 au 23 décembre. Le procureur a souligné que le tueur était un «survivaliste». Et pas du genre campeur, mais «parfaitement aguerri au maniement des armes»!
«Ce monsieur a jeté le discrédit sur une activité qui est sportive avant tout. Ici, on est très loin de l’image qu’il peut dégager, c’est-à-dire quelqu’un de surarmé.»
Cette tuerie pourrait-elle néanmoins avoir une incidence sur la législation concernant l’encadrement des armes à feu? Interrogé par Sputnik, Jean-Pierre Bastié, vice-président de l’Union française des amateurs d’armes (UFA), estime qu’il n’y a «pas de raison que cela change» puisque la France peut compter sur l’une des «réglementations le plus strictes d’Europe et même du monde».
Les armes à feu très encadrées en France
«Nous avons déjà tous les outils disponibles pour que, justement, ce genre de situation ne se présente pas», avance Jean-Pierre Bastié.
«Les risques sont toujours présents. Mais nous ne sommes pas du tout dans un contexte américain où tout le monde est armé, où il y a des délires perpétuels liés à la paranoïa sur le survivalisme pour des raisons politiques ou autres. En France, on est dans un contexte vraiment très apaisé dans ce domaine-là», se félicite-t-il.
Les présidents de clubs sur le qui-vive
Pour écarter les profils potentiellement dangereux, les présidents de clubs trient les candidats sur le volet. Un écrémage rendu nécessaire par un engouement croissant: en 2011, ils étaient plus de 145.000 licenciés pour atteindre les 220.000 en 2018.
Tout nouvel adhérent doit donc passer un entretien préalable avant d’être accepté. S’ensuit une période probatoire où ses faits et discours sont scrutés, prévient Jean-Pierre Bastié. Dans la structure de Franck Patru, pour devenir adhérent, il faut être parrainé ou compter sur un membre du comité directeur, qui doit «engager sa responsabilité pour vous faire entrer».
«Le tir est un monde très fermé», résume Franck Patru.
«Malheureusement, il peut y avoir des situations comme celle que l’on a vue. Exceptionnelles, elles montrent qu’un individu peut passer à l’acte, bien que, pour des raisons particulières, il n’ait jamais été identifié comme une personne à risque», regrette le vice-président de l’UFA.
«Il faut comprendre que, s’il y a le moindre signalement d’activité déviante, comme des bagarres ou des propos injurieux, qui font l’objet d’une plainte, le préfet a tout loisir de déclencher une procédure de désistement des armes», souligne Jean-Pierre Bastié.
Frank Patru enfonce le clou: «Nous sommes extrêmement vigilants.» Si une quelconque attitude apparaît en contradiction avec les valeurs du tir sportif, «automatiquement nous mettons en place un système de surveillance qui nous permet de contrôler que la personne est en adéquation avec nos règles éthiques».
«Cette personne serait automatiquement exclue de notre club, si jamais était révélée une éventuelle dangerosité de la personnalité du tireur. Je peux parler au nom de mes confrères, ce sont des choses valent pour tous les clubs», conclut Franck Patru.