Candidature du politicien d’ultra-droite Naftali Bennett aux législatives en Israël: désormais, c’est «tout sauf Bibi»

Naftali Bennett, ancien proche de Netanyahou, se présente pour le poste de Premier ministre aux législatives israéliennes de 2021. Alors que le scrutin prend l’allure d’un référendum pour ou contre Netanyahou, le politicien d’ultra-droite voit un boulevard s’ouvrir devant lui, juge Gil Mihaely, spécialiste d’Israël, au micro de Sputnik.
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«On doit beaucoup à Benyamin Netanyahou, mais il est temps de changer. Aussi, je me présente au poste de Premier ministre». C’est en ces termes que l’ancien proche de Benyamin Netanyahou Naftali Bennett a présenté, ce 23 décembre, sa candidature aux élections législatives de mars 2021.

L’État israélien est «au bord de l'effondrement complet», avertit un ministre démissionnaire

La 23e Knesset a été dissoute automatiquement le 22 décembre au soir, entraînant le pays vers de quatrièmes élections en deux ans. Les acteurs politiques de l’État hébreu commencent donc à placer leurs pions. Naftali Bennett en tête.

La candidature de celui qui a occupé les postes de ministre des Affaires religieuses, de l’Économie, de la Diaspora, de l’Éducation et de la Défense, à chaque fois dans des gouvernements formés par Benyamin Netanyahou, est à prendre très au sérieux, estime Gil Mihaely. Historien et directeur de publication des revues Causeur et Conflits, celui-ci intervient régu

«On doit beaucoup à Benyamin Netanyahou, mais il est temps de changer. Aussi, je me présente au poste de Premier ministre». C’est en ces termes que l’ancien proche de Benyamin Netanyahou Naftali Bennett a présenté, ce 23 décembre, sa candidature aux élections législatives de mars 2021.

La 23e Knesset a été dissoute automatiquement le 22 décembre au soir, entraînant le pays vers de quatrièmes élections en deux ans. Les acteurs politiques de l’État hébreu commencent donc à placer leurs pions. Naftali Bennett en tête.

La candidature de celui qui a occupé les postes de ministre des Affaires religieuses, de l’Économie, de la Diaspora, de l’Éducation et de la Défense, à chaque fois dans des gouvernements formés par Benyamin Netanyahou, est à prendre très au sérieux, estime Gil Mihaely. Historien et directeur de publication des revues Causeur et Conflits, celui-ci intervient régulièrement sur la politique israélienne.

«Sa candidature de Naftali Bennett est tout à fait crédible et il est plus que probable qu’il joue un rôle clé dans le prochain gouvernement d’Israël. Ce n’est peut-être pas le candidat qui jouit aujourd’hui de la plus grande popularité. Si l’on parlait en terme de paris sportifs, il n’aurait pas la meilleure côte, mais reste crédible», souligne Gil Mihaely.
En effet, «il dirige un parti [Yamina, ou Vers la droite, ndlr] crédité aujourd’hui d’à peu près 10% à 15% des intentions de vote», analyse l’historien.

Naftali Bennett promeut aujourd’hui une politique régionale classée en Israël à la droite de la droite. En particulier concernant l’avenir de la Palestine, celui-ci défend l’annexion complète des territoires palestiniens. En 2013, il avait dénoncé le virage «à gauche» de Netanyahou, car celui-ci avait instauré un gel de la colonisation de 18 mois mais pour mieux reprendre le rythme des constructions en territoire occupé.

Désormais, un jeu d’alliance au sein de la Knesset pourrait lui ouvrir les portes du pouvoir.

«Il pourrait également se retrouver dans un front politique sans pour autant fusionner son parti aux autres, pour faire tomber un Premier ministre qui se retrouve trop longtemps au pouvoir et qui commence à poser un problème personnel à tout le monde», confie Gil Mihaely.
En effet, même au sein de la droite israélienne, le créneau anti-Netanyahou gagne en importance. Les déboires politiques et extra-politiques de l’actuel Premier ministre israélien lui en coûtent. Des amis d’abord: même au sein de son cercle le plus rapproché, des figures politiques qui sont montées avec lui, et qu’il a fait monter lui-même, sont en train de le lâcher en cascade.

Référendum pour ou contre Netanyahou?
«Je suis vivement préoccupé par le fait que l'État soit au bord de l'effondrement complet», a affirmé le 2 octobre à Maariv le ministre israélien démissionnaire du Tourisme, Asaf Zamir, pointant la responsabilité directe de Benyamin Netanyahou.

Manifestation pour le 26eme samedi consécutif à #Jerusalem contre le Premier Ministre #Netanyahu accusé de corruption. Les manifestants célèbrent leur 6eme mois de manifestation ce soir. #Israel pic.twitter.com/85Vrjsytjk

— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) December 19, 2020
​Même si le parti Likoud de Benyamin Netanyahou garde un socle électoral solide d’environ 25%, cela pourrait ne pas suffire.

«Les problématiques ne sont même plus idéologiques ou politiques. Ce qui se passe désormais c’est qu’une partie importante de la classe politique israélienne est dans une logique de "tout sauf Bibi".»
Avènement de l’ultra-droite israélienne?
Un contexte politique qui créé une marge de manœuvre considérable pour une classe politique israélienne en embuscade. Et Naftali Bennett compte bien en profiter. Selon Gil Mihaely, «faisant abstraction de leurs divergences idéologiques, beaucoup de politiques pourraient être tentés de créer un front dont l’objectif est de battre Netanyahou et de casser le Likoud».

Un processus qui est déjà en marche juge notre interlocuteur qui rappelle que «le Likoud a récemment perdu cinq de ses membres clés». «Si la dynamique de la campagne reste mauvaise pour le parti, celui-ci pourrait en perdre davantage», prévient-il.

«Ce contexte politique ouvre la porte à des alliances auparavant impensables», explique de surcroît le directeur de publication de la revue Conflits.
Opportuniste, Naftali Bennett, défenseur d’une droite encore plus dure que celle de Netanyahou, qui s’était pourtant déjà droitisé ces dernières années, voit là une opportunité en or. Cette nouvelle campagne pourrait d’ailleurs faire oublier sa débâcle électorale de 2019 lorsque son parti n’avait même pas atteint les 3,25% nécessaires à l’entrée à la Knesset.

En effet, le chef du parti de droite Yamina par exemple avait déclaré en 2013 qu’il n’avait «aucun problème» à tuer des arabes. Une prise de position, parmi d’autres, qui lui avait valu le label de politicien d’ultra-droite. Un positionnement politique qui pourrait, compte tenu du contexte actuel qui fait fi des affiliations idéologiques des uns et des autres, ne pas être un frein à sa candidature.en te

lièrement sur la politique israélienne.

«Sa candidature de Naftali Bennett est tout à fait crédible et il est plus que probable qu’il joue un rôle clé dans le prochain gouvernement d’Israël. Ce n’est peut-être pas le candidat qui jouit aujourd’hui de la plus grande popularité. Si l’on parlait en termes de paris sportifs, il n’aurait pas la meilleure cote, mais reste crédible», souligne Gil Mihaely.

En effet, «il dirige un parti [Yamina, ou Vers la droite, ndlr] crédité aujourd’hui d’à peu près 10% à 15% des intentions de vote», analyse l’historien.

Benyamin Netanyahou demande l'immunité au parlement

Naftali Bennett promeut aujourd’hui une politique régionale classée en Israël à la droite de la droite. En particulier concernant l’avenir de la Palestine, celui-ci défend l’annexion complète des territoires palestiniens. En 2013, il avait dénoncé le virage «à gauche» de Netanyahou, car celui-ci avait instauré un gel de la colonisation de 18 mois mais pour mieux reprendre le rythme des constructions en territoire occupé.

Désormais, un jeu d’alliance au sein de la Knesset pourrait lui ouvrir les portes du pouvoir.

«Il pourrait également se retrouver dans un front politique sans pour autant fusionner son parti aux autres, pour faire tomber un Premier ministre qui se retrouve trop longtemps au pouvoir et qui commence à poser un problème personnel à tout le monde», confie Gil Mihaely.

En effet, même au sein de la droite israélienne, le créneau anti-Netanyahou gagne en importance. Les déboires politiques et extrapolitiques de l’actuel Premier ministre israélien lui en coûtent. Des amis d’abord: même au sein de son cercle le plus rapproché, des figures politiques qui sont montées avec lui, et qu’il a fait monter lui-même, sont en train de le lâcher en cascade.

Référendum pour ou contre Netanyahou?

«Je suis vivement préoccupé par le fait que l'État soit au bord de l'effondrement complet», a affirmé le 2 octobre à Maariv le ministre israélien démissionnaire du Tourisme, Asaf Zamir, pointant la responsabilité directe de Benyamin Netanyahou.

​Même si le parti Likoud de Benyamin Netanyahou garde un socle électoral solide d’environ 25%, cela pourrait ne pas suffire.

«Les problématiques ne sont même plus idéologiques ou politiques. Ce qui se passe désormais c’est qu’une partie importante de la classe politique israélienne est dans une logique de "tout sauf Bibi".»

Avènement de l’ultra-droite israélienne?

Un contexte politique qui crée une marge de manœuvre considérable pour une classe politique israélienne en embuscade. Et Naftali Bennett compte bien en profiter. Selon Gil Mihaely, «faisant abstraction de leurs divergences idéologiques, beaucoup de politiques pourraient être tentés de créer un front dont l’objectif est de battre Netanyahou et de casser le Likoud».

Un processus qui est déjà en marche juge notre interlocuteur qui rappelle que «le Likoud a récemment perdu cinq de ses membres clés». «Si la dynamique de la campagne reste mauvaise pour le parti, celui-ci pourrait en perdre davantage», prévient-il.

«Ce contexte politique ouvre la porte à des alliances auparavant impensables», explique de surcroît le directeur de publication de la revue Conflits.

Opportuniste, Naftali Bennett, défenseur d’une droite encore plus dure que celle de Netanyahou, qui s’était pourtant déjà droitisé ces dernières années, voit là une opportunité en or. Cette nouvelle campagne pourrait d’ailleurs faire oublier sa débâcle électorale de 2019 lorsque son parti n’avait même pas atteint les 3,25% nécessaires à l’entrée à la Knesset.

En effet, le chef du parti de droite Yamina par exemple avait déclaré en 2013 qu’il n’avait «aucun problème» à tuer des Arabes. Une prise de position, parmi d’autres, qui lui avait valu le label de politicien d’ultra-droite. Un positionnement politique qui pourrait, compte tenu du contexte actuel qui fait fi des affiliations idéologiques des uns et des autres, ne pas être un frein à sa candidature.

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