Un passeport qui «attestera du fait qu’une personne a été vaccinée» et qui «offrira un certain nombre d’avantages, comme une dispense de quatorzaine, l’accès à toutes sortes d’événements culturels, aux restaurants et ainsi de suite.»
Covid-19: un «passeport» pour «retrouver une vie normale»?
Aucune obligation générale et absolue à l’horizon, donc. Le choix théorique laissé aux personnes fait toutefois craindre une société à deux vitesses. Pour Me Thibaut Mercier, avocat au barreau de Paris et président du Cercle Droit & Liberté, une telle mesure rappelle d’autres scénarios de discrimination évidente:
«La vaccination est déjà rendue obligatoire pour accéder à certains services, comme les crèches, par exemple, où 11 vaccins sont obligatoires. C’est le cas aussi pour certains professionnels de santé, mais ce n’est pas une décision politique prise d’un seul coup, il y a d’abord eu un débat démocratique et même une décision du Conseil d’État qui est venu valider les nouveaux vaccins obligatoires de 2017», explique le juriste à Sputnik.
Une logique de forte incitation qui serait «exactement la même pour le passeport vert.» D’ailleurs, lors de son intervention devant l’Assemblée nationale, Valérie Six, députée UDI du Nord, a en effet parlé d’«incitation» ou encore «d’acte citoyen».
Une méthode «totalitaire»?
L’élue a ainsi précisé le fonctionnement de son «passeport» devant la représentation nationale. Chaque citoyen vacciné recevrait le document «sous deux semaines», ce qui l’autoriserait à «se rendre dans des lieux de culture, au restaurant». «Bref à retrouver une vie normale», résume l’élue. Des propos qui n’ont pas manqué de créer un tollé sur les réseaux sociaux, le hashtag #PasseportVert se hissant dans les «top tendances» sur Twitter.
Soutenue par l’ensemble des députés UDI, Valérie Six a affirmé que les craintes des Français envers les traitements pharmaceutiques étaient «légitimes», mais a justifié sa proposition par la nécessité de «sensibiliser les Français à l’importance du vaccin.» Dit autrement, à accepter l’injection.
Une pente glissante, si l’on en croit Me Mercier, qui n’écarte pas le risque de révolte ou de désobéissance civile en cas de campagne de vaccination obligatoire –ou rendue indispensable avec le passeport vert–, surtout si sa mise en place s’avère «aussi rapide», malgré une fiabilité encore incertaine:
«On ne sait même pas si ce vaccin permettra d’améliorer l’immunité collective, a lui-même avoué M. Véran, or le but d’un vaccin, c’est aussi l’immunité collective», souligne l’avocat.
En tout état de cause, face à «une très forte opposition à ce vaccin» et à une nouvelle atteinte aux libertés publiques, le président du Cercle Droit & Liberté, doute que la proposition de Valérie Six puisse être adoptée en l’état:
«Ce n’est pas dit que la majorité arrive à interdire l’accès aux restaurants, théâtres ou musées à certains citoyens», conclut Me Mercier.