Les bars et les restaurants fermés mais de nouveau sur le banc des accusés. L’étude ComCor de l’Institut Pasteur parue ce 17 décembre présente le classement des lieux où l’on se contamine le plus. Après une enquête publiée par la revue Nature au mois de novembre, les établissements de restauration et les cafés sont de nouveau visés: «On constate dans cette étude une augmentation du risque associée à la fréquentation des bars et restaurants», explique Arnaud Fontanet, épidémiologiste, membre du conseil Scientifique et auteur principal de la recherche à l’AFP.
«Le gouvernement cherche désespérément une étude pour justifier sa décision et je pense qu’il en a une. Soit elle est commanditée, soit elle arrive comme par hasard après la fermeture», accuse Jean Terlon, vice-président de l’Union des métiers des industries de l’hôtellerie (UMIH) au micro de Sputnik.
Bien que les auteurs appellent à «la prudence», puisque les résultats ne concernent que la période du couvre-feu et du confinement, les professionnels craignent que le gouvernement ne s’appuie dessus afin de justifier le report de la réouverture des bars et des restaurants, prévue au 20 janvier.
«En plus elle n’est pas fiable puisqu’elle se base seulement sur les déclarations des personnes interrogées, donc sans aucune preuve scientifique», ajoute Jean Terlon.
«S’il est avéré que des petits patrons et des responsables ont ouvert durant le confinement, ils mettent en danger tout le secteur et le sort d’un million de salariés est en jeu, avec le risque d’accentuer la précarisation des saisonniers et des extras en particulier.»
Sachant que les contaminations ne baissent pas et sont même reparties à la hausse avec les établissements fermés, Nabil Azzouz préconise une réouverture rapide des restaurants avec un protocole encore plus renforcé. Car les charges et les frais à payer de ces patrons s’accumulent alors que la trésorerie se vide. Mais du côté de l’UMIH, les avis sont beaucoup plus mitigés:
«Admettons que l’on rouvre, les protocoles seront redoutables. Déjà que là, on a réduit d’un quart la capacité de la salle, on devra la limiter encore plus pour espacer les gens. Donc si on diminue la surface commerciale, on restreint le chiffre d’affaires. Par contre, on va avoir 100% de charges à payer avec un chiffre d’affaires ridicule. C’est le serpent qui se mord la queue.»
«Vous nous fermez et vous nous interdisez de travailler? Il faut payer!», lance-t-il, rageur, à l’exécutif.
Jean Terlon l’admet, la restauration ne pourra retrouver un fonctionnement normal que lorsque le virus s’arrêtera de circuler. Une incertitude considérable, au point de pousser le professionnel à se demander si la vente à emporter deviendra l’avenir du secteur.