Le Candida auris, champignon rare détecté pour la première fois il y a une dizaine d’années, se répand petit à petit dans le monde. Cette semaine il est pour la première fois arrivé au Brésil dont les autorités sanitaires, tout comme celles américaines plus tôt, ont alerté sur «une menace pour la santé mondiale». Tour d’horizon pour évaluer son danger.
Quelles maladies provoque-t-il?
Sa première apparition date de 2009, lorsqu’il a été identifié dans l’oreille d’un patient japonais. Le lieu de sa découverte lui a donné son nom, «auris» signifiant «oreille» en latin. Depuis, les cas se multiplient et se manifestent dans des dizaines de pays. La propagation du micro-organisme dans les hôpitaux a été largement médiatisée en 2019, sur fond de publication d’études sur le sujet et d’apparition de données sur les contaminations.
Les personnes à risque
Parmi les patients à immunité affaiblie les plus exposés figurent principalement ceux qui ont récemment subi une intervention chirurgicale et ont des tubes insérés dans le corps (tels que des tubes respiratoires, des tubes d'alimentation et des cathéters veineux centraux), poursuivent les CDC.
Ces facteurs de risque comprennent également le diabète, l'utilisation d'antibiotiques et d'antifongiques à large spectre. Des infections ont été trouvées chez des patients de tous âges, des plus jeunes aux plus âgés. Il demeure toutefois nécessaire, estiment les CDC, de mener une étude plus approfondie pour en savoir davantage sur les facteurs de risque d'infection.
Quant à la mortalité, les CDC évoquent une fourchette comprise entre 30% et 60% de mortalité pour les personnes infectées mais précisent que ces estimations proviennent d’un échantillon de patients limité.
Comment le traiter?
Son danger principal est qu’il s’avère résistant aux médicaments antifongiques classiques, précise les Centres américains. D’où la difficulté de traiter les infections qu’il provoque et de désinfecter les surfaces colonisées.
Le New York Times relatait dans un article paru en 2019 qu’après la mort d’un patient colonisé dans un hôpital américain, les tests ont montré que le micro-organisme était présent partout dans la chambre. Afin de s’en débarrasser, l’hôpital a dû avoir recours à un nettoyage spécial et même arracher une partie des carreaux du plafond et du sol pour l’éliminer.
«Tout était positif, les murs, le lit, les portes, les rideaux, les téléphones, l'évier, le tableau blanc, les poteaux, la pompe», a déclaré le Dr Scott Lorin, directeur de l'hôpital.
Une autre particularité qui complexifie la lutte est que les méthodes de dépistage standard conviennent peu. Les laboratoires doivent ainsi utiliser une technologie spécifique, indique les CDC.
Propagation dans le monde
Au total, plus de 40 pays ont recensé au moins un cas de Candida auris, selon les données publiées le 30 septembre 2020 par les Centres américains. Certains ont connu des flambées d’infections au sein des établissements de santé, notamment au Royaume-Uni, au Canada, au Venezuela, aux États-Unis. Ceux-ci ont constaté plus de 1.200 cas confirmés.
En France, six patients ont été diagnostiqués positifs, d’après les informations de Santé publique France diffusées en 2019. Un seul patient a développé une infection.
Son éventuelle origine
Des chercheurs américains ont suggéré que le Candida auris «pourrait être le premier exemple d'une nouvelle maladie fongique émergeant du changement climatique», indique une étude publiée dans mBio, revue de l'American Society of Microbiology, en juillet 2019.
D’après leurs recherches, les espèces fongiques comme celle-ci s’adaptent à des températures environnementales plus élevées en raison du réchauffement climatique et renforcent ainsi leur défense. Ainsi, certaines infections fongiques existantes risquent de se propager alors que de nouvelles pourraient infecter les humains, ont-ils conclu.