Centres commerciaux bondés pour le Black Friday, clusters de contamination?

Ce vendredi 4 décembre, le coup d’envoi de la grande opération commerciale du «Black Friday» a massivement attiré les Français dans les grands magasins. Deux épidémiologistes commentent pour Sputnik les risques que pourrait représenter le shopping au temps de la pandémie de Covid-19.
Sputnik

En décrétant un confinement jusqu’au 1er décembre, le gouvernement n’a pas tenu compte de la date fétiche du vendredi 27 novembre, à laquelle marques et distributeurs avaient prévu, comme chaque année, des opérations de promotion pour lancer les courses de Noël.

Sous la pression des petits commerçants, l’opération de promotion «Black Friday» a été reportée en France au 4 décembre, une semaine après l’ouverture officielle des commerces «non essentiels». Mais si les petits commerces ont remporté cette (petite) victoire contre la grande distribution, ne cède-t-on pas du terrain face au Covid-19 dans les grands magasins, où le public fourmille? Les Parisiens ont-ils peur d’attraper le virus lors de leur séance de shopping?

 

Même si ce retour du public fait du bien au moral des acheteurs et des commerçants, la prudence reste de mise.

Oui au Black Friday, non aux fêtes

Le professeur Antoine Flahault, codirecteur de la Swiss School of Public Health de Zürich et directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’université de Genève, ne croit pas que le shopping «va anéantir tous les efforts faits» pour endiguer l’épidémie jusqu’à présent, puisque «dans la littérature scientifique, il n’y a pas de notification de grands clusters survenus dans les grands magasins.»

Néanmoins, ce partisan du masque et de la distanciation physique rappelle que «ce type d’évènement a une tendance d’augmenter les interactions entre les gens», surtout s’«ils ne respectent pas toujours des gestes barrières

«Il n’y a pas de raison d’être trop inquiets pour ce Black Friday s’ils ne s’accompagne pas de fêtes, de pots, de tout ce qui ferait que les gens enlèveraient leurs masques, parleraient ensemble dans les lieux clos mal ventilés», souligne Antoine Flahault au micro de Sputnik.

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Plusieurs points permettent de rayer les grands magasins de la liste des «hauts lieux de contamination», selon lui: les gens n’y restent pas trop longtemps, portent un masque, «on n’y parle pas énormément et des volumes sont suffisamment grands dans la plupart des cas.» Il est néanmoins nécessaire que les magasins restreignent l’affluence à l’intérieur: «C’est important, et c’est de leur responsabilité», pour ne pas repartir vers les mesures fortes.

«Les fêtes de Noël, par leur caractère de rassemblements familiaux, sont plus inquiétantes», pour Antoine Flahault.

Le directeur de l’Institut de santé globale observe que «dans la rue, il y a très peu de contamination»: la Fête de la musique et de nombreuses manifestations n’ont pas causé d’augmentation du nombre de cas ou de clusters rapportés. En revanche, dans les fêtes de famille, on a identifié «des clusters, parfois avec super-contaminations». Ainsi, demeurent «à risque» tous les lieux «bondés», où les gens ne peuvent pas assurer de gestes barrière, «parce qu’ils mangent et boivent, chantent, crient, parlent, génèrent des aérosols et de grosses gouttelettes

À Noël, faites attention!

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Malgré le fait qu’«il soit toujours un peu compliqué d’estimer les dangers», Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistique à l’École des hautes études en santé publique de Rennes, confirme l’opinion de son confrère.

«Le vrai risque de contamination est plutôt sur les fêtes de Noël que sur le Black Friday, parce que pendant les repas de Noël, les gens vont être à plusieurs (même si ce nombre est limité) et sans masque. Ça va créer du brassage», assure-t-il au micro de Sputnik.

«Réduire au maximum les risques» avant les repas de Noël est une tache jugée «importante» par le chercheur épidémiologiste. Donc, il faudrait rester le moins possible dans des enseignes et sortir masqués.

«Des pas de géant» dans la biostatistique

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Pour les médias et les réseaux sociaux, «le premier anniversaire» de l’apparition officielle du virus SARS-CoV-2 a été pris à la plaisanterie. Pour les scientifiques, il a représenté une année de recherches sur le comportement du virus et d’accumulation de données statistiques pour «la surveillance épidémiologique».

«Nous avons fait collectivement et internationalement des pas de géant. On n’aurait pu imaginer il y a un an que l’on parvienne à avoir des données d’admission hospitalières et de mortalité quasiment en temps réel pour une maladie spécifique», constate Pascal Crépey.

Quant aux résultats des tests PCR, «exhaustifs sur tout le territoire» et mis à jour quotidiennement, ils ajoutent les données pour des «avancées fabuleuses» de la science. Ces retours de terrain ont permis d’en apprendre «beaucoup plus sur la transmission du virus.» Un très grand nombre d’études «pour prendre des photographies de l’état sanitaire de la population» permet mieux comprendre les conditions de la circulation du SARS-Co-2.

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