«Un flic n’a pas le droit de péter les plombs»: un policier réagit à l’affaire du producteur tabassé à Paris

Pour un membre de la BAC en banlieue parisienne, un flic «n’a pas le droit de péter les plombs». Commentant pour Le Parisien le récent passage à tabac par des policiers d'un producteur à Paris, le fonctionnaire a évoqué un problème dans le recrutement au sein de la police, envers laquelle la population a de moins en moins confiance.
Sputnik

Réagissant à l’affaire Michel Zecler, le producteur récemment tabassé par des policiers à Paris, Florian, membre de la Brigade anti-criminalité (BAC) en banlieue parisienne (son nom a été modifié), met en avant le «mal» fait à l’institution de la police par des policiers qui agressent des gens lors des interpellations. Pour cet homme de 44 ans qui s'est confié au Parisien dans un article paru le 27 novembre, ce n'est pas les statistiques sur les policiers qui «déconnent» qui comptent, mais la défiance grandissante de la société par rapport à l’institution même de la police.

«Je travaille sur la voie publique depuis plus de quinze ans et je constate la défiance qui grandit à notre encontre. Tout ce débat autour des interventions filmées, du fameux article 24, provient de ça : la défiance», affirme t-il.

«J'ai toujours pensé qu'un flic n'avait pas le droit de péter les plombs, de justifier un écart en disant j'étais énervé. Il peut et il doit utiliser la violence quand elle s'impose, mais si on se comporte comme les gens qu'on poursuit, comment voulez-vous qu'on s'y retrouve?», s'interroge-t-il, cité par le quotidien.

Le métier «le plus ingrat»

Évoquant un problème dans le recrutement et la formation au sein de la police, Florian explique qu’un policier doit avoir une passion pour son métier, «le plus ingrat qui soit».

«Flic, c'est le boulot le plus ingrat qui soit: pour un merci tu auras essuyé quinze "espèce de bâtard" et vingt-cinq "nique ta mère". Il faut être prêt à ça, même si ce n'est pas normal», explique-t-il au journaliste du Parisien.

Dans le même temps, il reconnaît que la police a besoin de protection de la part de l’État, comme via l’article 24 de la loi Sécurité globale.

«C'est vrai que nous avons besoin de protection, de ne pas être jetés en pâture sur les réseaux sociaux. Moi, je n'ai pas passé un BEP éborgneur ou tortionnaire. Je suis flic et j'en suis fier. Et parce que j'en suis fier, je fais mon métier comme il faut».

En plus, il attend que tous ses collègues soient munis de caméras-piétons pour qu’ils puissent «se filmer tous mutuellement», fait savoir Le Parisien.

Un producteur de musique tabassé à Paris

Le producteur de musique Michel Zecler a été roué de coups par trois policiers dans l’entrée de son studio du 18e arrondissement de Paris, samedi 21 novembre 2020. C’est grâce aux vidéos de caméras de surveillance témoignant des actes de la police que le parquet de Paris a ouvert une procédure pour «violences par personnes dépositaires de l'autorité publique» et «faux en écriture publique», confiée à l'IGPN. Les trois policiers qui avaient participé au tabassage ont été suspendus, ainsi qu’un quatrième qui avait lancé dans le studio une grenade lacrymogène.

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Cet incident a eu lieu le lendemain de l’approbation en première lecture par l’Assemblée nationale de la très controversée loi Sécurité globale dont l’article 24 interdit de filmer des membres des forces de l'ordre dans l'intention de nuire à leur intégrité «physique ou psychique».

Suite à plusieurs manifestations contre la loi sécurité globale, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé le 26 novembre la création d'une commission indépendante chargée de réécrire l’article 24 dans le but de «respecter l’objectif poursuivi tout en dissipant tout doute sur le respect de la liberté d’informer». Une décision dénoncée par la suite par le Président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand ainsi que par celui du Sénat, Gérard Larcher.

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