«Il ne faut en rien confondre la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme, mais il nous faut regarder lucidement les liens qui existent entre ces deux phénomènes.»
À l’issue du «mini-sommet européen» qui s’est tenu le 10 novembre dernier à l’Élysée en présence du chancelier autrichien Sebastian Kurtz, Emmanuel Macron a pour la première fois établi une connexion entre «immigration clandestine» et «terrorisme». Il n’est pourtant pas le seul à se positionner ainsi sur le sujet.
D’où la nécessité pour le parti de droite d’investir le sujet, en vue de 2022? Dans une tribune parue le 15 novembre dans le Figaro, Christian Jacob, le président des «Républicains», préconise notamment de «voter au Parlement un strict plafond d’immigration légale en fonction de nos capacités d’intégration», ainsi que d’«arrêter les régularisations qui sont des primes à la violation de nos frontières et de notre droit». D’après Le Point, le parti veut également expulser les étrangers fichés S pour radicalisation à caractère terroriste et conditionner les aides au développement aux pays à l’acceptation par ceux-ci de reprendre leurs ressortissants expulsés de France.
Interrogé par Sputnik, Victor Bonnin, porte-parole du mouvement conservateur «Racines d’avenir» et membre de LR, se dit «heureux de ce tournant sécuritaire» au sein du parti, lequel devrait selon lui permettre de «regarder lucidement le problème posé par l’immigration» en France. Avant de toutefois nuancer:
«“Les Républicains” se doivent de porter des mesures bien plus fortes, à commencer par la reconduction immédiate de tout étranger débouté du droit d’asile. Aujourd’hui, on n’en expulse que 10%. Au fur et à mesure des années, ils sont intégrés progressivement en France par des biais législatifs et par des biais procéduriers d’ordre administratif», affirme Victor Bonnin au micro de Sputnik.
Vendredi 13 novembre, Nicolas Sarkozy plaidait sur BFMTV pour un «moratoire» sur l’immigration et les demandes d’asile. «Il faut, au moins pour un temps, stopper les différents flux d’immigration», le temps que «l’ensemble des forces politiques, autour du gouvernement, réfléchisse à la façon dont il convient d’adapter notre législation», a ainsi soutenu l’ancien Président de la République.
Un «moratoire» sur l’immigration?
Une telle mesure est d’ailleurs prévue par le droit français, donc potentiellement applicable immédiatement. C’est en tout cas ce que souligne Patrick Stéfanini, l’ancien secrétaire général du ministère de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale de Nicolas Sarkozy. Dans son livre Immigration: Ces réalités qu’on nous cache (Éd. Robert Laffont), le haut fonctionnaire rappelle que «les accords de Schengen comme le droit communautaire prévoient la possibilité sous certaines conditions d’une réintroduction temporaire du contrôle aux frontières intérieures.»
Victor Bonnin se dit en tout cas «favorable» à cette idée. «Les Français vivent tous les jours le problème de l’immigration, à travers l’intégration et l’assimilation des étrangers» sur le sol français. Le porte-parole de «Racines d’avenir» aimerait à ce titre que les Français soient consultés «sur la place qu’ils accordent à l’immigration». De là à imaginer un référendum sur la question?
Patrick Buisson, dans son livre La Cause du peuple (Éd. Perrin), raconte qu’en 2011, il avait tenté de convaincre Nicolas Sarkozy, dont il était le proche conseiller, de la pertinence d’une consultation populaire sur le sujet. À un an de la Présidentielle de 2012, l’ancien ministre de l’Intérieur ne s’y était pas risqué.
«Le terme de “séparatisme” ne veut rien dire: ces gens-là veulent nous remplacer»
Dans une enquête* parue le 16 novembre, l’IFOP révèle des chiffres édifiants sur les rapports que les Français entretiennent avec le sujet de l’immigration. D’après l’institut de sondage, seuls 32% des Français considèrent que «les pouvoirs publics luttent efficacement contre l’immigration clandestine.»
«Aujourd’hui, l’immigration n’est plus assimilée, ce qui explique qu’elle se communautarise. C’est pourquoi le terme de “séparatisme” ne veut rien dire: il y a en réalité une volonté d’hégémonie. Ces gens-là veulent nous remplacer. La classe politique, dans son entre-soi parisien un peu bobo, ne se rend pas compte que l’immigration n’est pas forcément une “chance pour la France”», assène Victor Bonnin au micro de Sputnik.
S’il ne se dit pas «partisan de la thèse de Renaud Camus [sur le grand remplacement des populations occidentales par les nouveaux arrivants étrangers, ndlr]», le porte-parole de «Racines d’avenir» se veut toutefois «lucide» sur le sujet.
«Il n’y aura pas forcément de bascule démographique dans les dix prochaines années, mais il faut néanmoins reconnaître que dans certains quartiers, les lois de la République n’ont pas seulement disparu: elles ont été remplacées par des lois religieuses, communautaires ou ethniques. Il y a là une volonté de vaincre», s’inquiète Victor Bonnin.
*L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 008 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.