Imam de Drancy: les musulmans ne veulent plus de «ce cauchemar»

Une minute de silence et une prière en hommage à Samuel Paty ont eu lieu après l’office du vendredi à la mosquée de Drancy. Au micro de Sputnik, Hassen Chalghoumi, l’imam de cette ville francilienne, a souligné que les musulmans de France aspiraient à «vivre en paix comme tout le monde».
Sputnik

L’imam Hassen Chalghoumi a rendu hommage à Samuel Paty lors de la prière traditionnelle du vendredi qui a réuni ce 23 octobre presque 3.000 fidèles à la mosquée de Drancy.  

«Nous y avons associé une prière pour toutes les victimes. En même temps, nous rappelons que notre religion et notre prophète ne nous enseignent pas la haine, mais l’amour.»
Imam de Drancy: les musulmans ne veulent plus de «ce cauchemar»

Hassen Chalghoumi a souligné dans un commentaire à Sputnik que les fidèles qui sont «restés quelques minutes à penser à lui et à dénoncer le crime» peuvent être éventuellement en désaccord: «Peut-être que certains ne veulent pas de caricatures, ils n’aiment pas que l’on dessine leur prophète

«Mais jamais la réaction ne doit être violente. [Il faut agit, ndlr] par la liberté, par le dessin, par amour, non par la haine», exhorte l’imam de Drancy.

Il explique l’existence de «beaucoup» de problèmes et de menaces «dans cette mosquée aussi». Mais malgré cela, en Seine-Saint-Denis, «où il y a beaucoup de diversité», avec «plus de 140 nationalités» qui vivent ensemble et représentent une sorte de «symbole de la France», on résiste.

«Vous avez vu tous ces musulmans et ces non-musulmans –chrétiens, juifs, laïcs– ensemble? Il y a eu un nombre important d’imams. C’est cet esprit que l’on veut insuffler non seulement en France, mais dans le monde entier. Il faut résister face à l’islamisme, l’Islam n’a rien à voir avec l’islamisme», souligne Hassen Chalghoumi.

L’imam a d’ailleurs exprimé son inquiétude pour ses fidèles qui «sont terrifiés et subissent une double sanction: du fait du terrorisme et de l’islamisme et, d’un autre côté, du fait du racisme». Il rappelle que cette semaine, deux femmes ont étés agressées à Paris et que des attaques dans les mosquées sont à signaler.

​D’après lui, si une «minorité est nuisible sur Internet, c’est le travail de l’État et des Gafam de découvrir et sanctionner ces personnes qui appellent au meurtre». La majorité des musulmans «a un message positif et essaie de vivre en paix».

Un soutien absolu à la loi sur le séparatisme

L’imam approuve l’initiative du Président Macron et de son gouvernement avec le projet de loi sur le séparatisme.

«Il faut des lois et [d’autres] choses nécessaires pour nettoyer l’islamisme et la haine. On ne devrait plus pouvoir entendre ces personnes qui engendrent la haine. Il faudrait la fermeture des sites Internet, expulser les personnes [qui propagent] la haine. Je suis d’accord, on est d’accord», clame le religieux.

Le compte Twitter de l’assassin de Samuel Paty signalé 6 jours avant l’attentat
D’après lui, «les musulmans demandent à être protégés» afin de vivre leur religion en paix. «On veut vivre avec nos compatriotes, quelle que soit leur religion. On veut que des générations et des générations de nos enfants vivent en paix. Et, en tant que patriotes, qu’ils respectent leur pays et les lois de leur pays. Et que leur religion reste toujours dans un cadre privé. Que ce soit l’Islam qu’on appelle "l’Islam des Lumières"», appelle le chef de la communauté musulmane de Drancy.

Chasser les islamistes

L’annonce des poursuites contre «des dizaines d’individus» de la mouvance islamiste par Gérard Darmanin est jugée par l’imam Hassen Chalghoumi comme «un discours ferme» du ministre de l’Intérieur, qui «doit rassurer les citoyens».

«Les citoyens ont peur. Il a dit ‘la peur doit changer de camp’, oui, c’est le moment que la peur aille chez les islamistes et les terroristes. Non vers les imams comme moi qui sont en train de prier protégés par un gilet pare-balle et entourés de policiers. Il faut que les choses changent», assure Hassen Chalghoumi.

Pour ce chef de la communauté islamique, «la République a pris la décision de faire le nécessaire» en commençant par fermer des lieux, des écoles et des sites qui «méritent d’être fermés et sanctionnés».

«[Les musulmans, ndlr] ne veulent plus de ça, de ce cauchemar. Il faut que ça s’arrête. Il faut que les gens se respectent. Ils souhaitent vivre en paix comme tout le monde. Il faut que ce qui est derrière [ces événements, ndlr] cesse, notamment le financement», conclut Hassen Chalghoumi.
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