Un signalement effectué le 10 octobre sur la plateforme Pharos concernant le compte Twitter d’Andoullakh Anzorov, l’assassin de Samuel Paty, aurait peut-être pu changer les choses, mais n’a pas engendré de réaction de la part des autorités, rapporte franceinfo. Les enquêteurs ne sont pas encore parvenus à recouvrer le contenu de ce signalement.
En effet, le terroriste a supprimé son compte peu après avoir publié ce message. Les autorités ont donc demandé à Twitter de leur faire parvenir ces informations. Selon le média, le compte était particulièrement actif depuis le printemps 2020 et avait déjà été signalé plusieurs fois auparavant, sans susciter de réaction des services de lutte antiterroriste.
Le 12 juillet, des propos haineux du jeune Tchétchène envers le régime chinois et l’Afghanistan font l’objet d’un premier signalement auprès de Pharos, plateforme censée informer les autorités compétentes selon le type de contenu (antisémitisme, terrorisme, pédopornographie, etc.). Dans le cas de M.Anzorov, c’est la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) qui s’occupe du dossier.
«Les propos litigieux portaient sur la situation internationale et ne visaient nullement la France», confie à franceinfo une source proche du dossier.
Selon elle, l’homme n’était pas fiché et «pas connu pour fréquenter des cercles islamistes radicaux» et n’a dès lors pas été considéré comme prioritaire parmi les 230.000 signalements annuels reçus par la plateforme.
Passé sous radar plusieurs fois
Mais d’autres signalements ont suivi, comme celui de fin juillet, cette fois effectué auprès de Twitter uniquement par la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) et qui n’a donc pas été soumis à la police nationale. Un mois plus tard, le terroriste publie une photo de tête coupée sur son compte, comme l’indique Mediapart, mais rapidement retirée et non signalée.
Le renseignement est également tombé sur des discussions datant de septembre entre M.Anzorov et un correspondant se trouvant à Idlib, dernière zone sous contrôle des rebelles et des djihadistes en Syrie. Ils ont évoqué les concepts de «martyr» et de «hijra», le fait d’émigrer dans un pays musulman. Pour franceinfo, il est clair que le jeune cherchait à gagner la Syrie. Mais la conversation n’a pas fait réagir les services antiterroristes.
Darmanin se défend
Jeudi 22 octobre, Gérald Darmanin s’est exprimé devant le Sénat pour expliquer ces signalements qui n’ont donné aucune suite. «Des comptes comme ceux-là, mesdames et messieurs les sénateurs, il y en a des milliers, pour ne pas dire plus», a-t-il justifié. Défendant l’efficacité des services de renseignement, il a toutefois admis qu’«on ne pourra garantir qu’il n’y aura plus d’attentats dans les jours, les semaines, les mois qui viennent».