Pourquoi cette ville du Burkina Faso est au bord de la pénurie de préservatifs

À Banfora, dans le sud-ouest du Burkina Faso, on enregistre ces dernières semaines une forte explosion de la demande de préservatifs. Une situation qui s’explique en grande partie par les préparatifs de la fête nationale du 11 décembre prochain.
Sputnik

56.720! C’est le nombre de préservatifs commandés en une seule journée au cours de ce mois de septembre à Banfora, au Burkina Faso, auprès d’une section locale du Réseau africain jeunesse santé développement (RAJSD, une ONG qui lutte entre autres contre la propagation du VIH, via notamment la distribution gratuite de préservatifs).

Awa Zabré, coordonnatrice locale de l’ONG interrogée par Sputnik, se réjouit: «Pour la plupart, c’était des jeunes qui sont venus à nous, les plus courageux.»

La demande de ce moyen de contraception, très prisé, est particulièrement forte en ce moment dans cette ville du sud-ouest du Burkina Faso, capitale de la région des Cascades qui compte environ 800.000 habitants. Au point que l’on frise la pénurie.

«On a donc réclamé des préservatifs au dépôt répartiteur du district [DRD, dépôt de produits pharmaceutiques] de Banfora, mais il n’y en avait plus. On s’est alors tourné vers la centrale d’achat de médicaments essentiels génériques et de consommables médicaux (Cameg) de Gaoua [plus grande ville de la région voisine] où on nous a fait savoir que le stock était aussi épuisé», poursuit Awa Zabré.

Depuis 2008, au Burkina Faso, la célébration de la fête nationale est tournante. Une initiative des autorités qui permet, en particulier à la ville hôte, et de façon générale à toute la région, de se voir doter de toutes sortes d’infrastructures socioéconomiques (hôpitaux, logements, routes, usines...).

Une des conséquences ordinaires de la fête nationale

En 2020, c’est Banfora qui accueillera les festivités du 11 décembre. Et pour la circonstance, la région des Cascades enregistre depuis de nombreux mois un afflux notable d’ouvriers qui travaillent avec acharnement pour livrer dans les délais, entre autres, 56 km de route (dont 45 km à Banfora), 8,8 km d’éclairage solaire, plus de 200 logements sociaux et la réhabilitation du stade régional.

«Ce sont là autant de chantiers qui exigent de nous un effort soutenu toute la journée, sous un soleil de plomb. Alors le soir venu, nous avons besoin d’un peu de douceur et de réconfort avant de reprendre de plus belle le travail le lendemain», confie un jeune ouvrier joint par Sputnik.

De nombreuses professionnelles du sexe ont d’ores et déjà élu domicile à Banfora et ses environs pour offrir leurs services alors que des milliers de visiteurs et d’officiels devraient faire le déplacement pour ces festivités annuelles.

Au Burkina Faso, des préservatifs sont souvent distribués gratuitement dans des structures sanitaires et par des ONG dans le cadre de la lutte contre le sida et les grossesses non désirées.

«La forte demande de préservatifs que nous enregistrons actuellement pourrait ne pas faiblir jusqu’à ce que la fête soit achevée. C’est une situation que l’on retrouve généralement dans les localités qui abritent les festivités du 11 décembre», a déclaré à Sputnik Sita S, sage-femme au centre hospitalier régional (CHR) de Banfora.

Pour cette soignante, «il est important que les autorités prennent des mesures pour garantir au plus vite un approvisionnement suffisant afin d’éviter à la région des Cascades de sérieux désagréments au terme de cette période critique».

Le spectre d’un boom des infections au VIH

L’Onusida estime la prévalence de l’infection à VIH dans la population adulte du Burkina Faso à 0,80% (contre 7,17% en 1997). Cela correspond à 94.000 personnes vivant avec le virus, dont 9.400 enfants de moins de 15 ans. Et les professionnelles du sexe sont de loin les plus contaminées avec une prévalence de 5,4%.

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Le Conseil national de lutte contre le sida et autres infections sexuellement transmissibles de même que des ONG partenaires, craignent qu’à la faveur des festivités, le VIH ne gagne du terrain dans la région des Cascades, qui fait partie des plus touchées par le virus.

Aussi ces organismes multiplient-ils les campagnes de sensibilisation à l’endroit des populations ainsi que des entreprises et leurs employés, à l’approche du 11 décembre. À ces démarches s’ajoutent des distributions gratuites occasionnelles de préservatifs.

Au Burkina Faso, le gouvernement a mis en place le «Programme de marketing social de condoms», Promaco, chargé de vulgariser et commercialiser des contraceptifs masculins subventionnés (en grande partie par la coopération allemande). Les ventes de préservatifs «Prudence», la marque de la structure, sont passées de 500.000 unités par an en 1991 à 20 millions en 2005.

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