La nouvelle est tombée le 6 octobre avec un effet libérateur au Mali qui vient de connaître plus d’un mois et demi d’embargo.
Pratiquement isolé des nations voisines, le poids des sanctions commençait à se faire sentir.
«Le pays commençait à sentir le poids de cet embargo. La levée des sanctions est un «ouf» de soulagement pour les Maliens, elle implique à nouveau l’approvisionnement correct du territoire, parce que les réserves commençaient à diminuer radicalement. Cela donne aussi une lueur d’espoir en ce qui concerne la normalisation des relations avec la communauté internationale», explique au micro de Sputnik l’analyste Salia Samanké.
Sur la Toile, le même sentiment est partagé par tous, y compris par les anciens rebelles indépendantistes du Nord. Ag Attaher Mossa, membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad, a exprimé son soulagement après l’annonce de la fin de l’embargo. Il garde maintenant le regard rivé vers l’horizon de nouveaux objectifs pour la reconstruction du pays.
Le Mali peut ainsi renouer avec ses partenaires d’Afrique de l’Ouest et au-delà. D’ailleurs, l’Union européenne a «favorablement» accueilli la levée des sanctions décidée par les dirigeants d’Afrique de l’Ouest à l’encontre du pays à la suite du coup d’État du 18 août dernier.
«Toutes les conditions étant désormais réunies, l’Union européenne est disposée à accompagner la transition, d’une part pour organiser des élections crédibles menant au rétablissement de l’ordre constitutionnel, d’autre part pour conduire les réformes prioritaires afin de faire face aux enjeux structurels et de long terme du Mali», peut-on lire dans la déclaration du haut-représentant de l’UE et vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell.
Si les observateurs du paysage politique malien estiment qu’il est difficile de mesurer l’impact des conséquences économiques sur l’embargo qui a duré plus d’un mois et demi, ils s’accordent tout de même sur le fait que «les finances publiques et le commerce ont été durement frappés». C’est ce qui ressort, en effet, d’une récente enquête de Jeune Afrique. Selon une note de la Banque centrale, «une détérioration de l’activité économique» a été relevée. «Ainsi, le chiffre d’affaires du commerce marque un recul de 16,7% contre 1,1% pour les services marchands, moins affectés.»
Un schéma de transition quasi finalisé
Le 15 septembre, les chefs d’État de la Cedeao avaient tenu un mini-sommet dans la capitale ghanéenne Accra. À cette occasion, ils avaient rencontré des représentants de la junte à l’origine du coup d’État. Objectif de la réunion: «finaliser le schéma de la transition politique» pour une sortie de crise.
Parmi les décisions qui devaient contribuer à la levée des sanctions de l’institution sous-régionale, un gouvernement de transition dirigé par un civil et un Premier ministre civil devaient être nommés et une Charte de transition devait être promulguée avec la rationalisation des attributions du vice-Président. La libération des civils et militaires, arrêtés le 18 août, avait aussi été demandée.
Cette dernière condition est d’ailleurs effective depuis le 7 octobre, selon les informations du CNSP (Comité national pour le salut peuple) sur sa page Facebook officielle. Les intéressés restent toutefois «à la disposition de la justice à toutes fins utiles». Seule la dissolution du CNSP n’est toujours pas effective parmi ces mesures. Ce Comité, constitué par les militaires qui ont renversé le régime, a été mis sur pied au lendemain du coup d’État et doit en effet être dissout après la mise en place des organes de la transition, précise l’acte fondamental 001 du CNSP.
Certes, les principales institutions sont d’ores et déjà fonctionnelles. La dernière en date, le gouvernement de transition, a été dévoilée le 5 octobre. Les regards sont donc désormais tournés vers l'instauration du Conseil national de transition, l’organe législatif qui sera composé de 121 membres issus de toutes les forces vives de nation.