La famille Rothschild a assigné la ville de Vienne en justice, exigeant la restitution d’actifs pour un montant de 110 millions d’euros, rapporte le Financial Times. Les plaignants soutiennent que ces actifs ont été saisis par les nazis avant la Seconde Guerre mondiale et que la municipalité a fini par se les approprier.
Parmi les biens contestés se trouve un ancien asile psychiatrique de 121 hectares et le palais Maria-Theresien-Schlössel, qui fut l’un des premiers centres de traitement de santé mentale au monde. La demande de restitution est l’une des plus importantes jamais faites à l’Autriche.
Le litige tourne autour de la fondation créée en 1905 par Albert von Rothschild en mémoire de son père, visant à faire de Vienne une ville de premier plan pour le traitement des «maladies nerveuses». La fondation a été saisie par les nazis en 1938. Bien que techniquement reconstituée après-guerre, elle a fini par devenir une entité dormante au sein du système de santé municipal viennois.
Mais la famille Rothschild accuse aujourd’hui la ville de vouloir vendre les principaux actifs de cette fondation.
«Perpétuation» de crimes nazis?
La plainte contre la ville de Vienne a été déposée par Geoffrey Hoguet, l’arrière-petit-fils d’Albert von Rothschild, par ailleurs important donateur démocrate, établi à New-York. Celui-ci accuse la municipalité de «perpétuer» les crimes nazis en vendant les biens de la fondation à des prix sous-évalués.
Il accuse également la ville d’avoir pris illégalement le contrôle de la fondation après-guerre et d’avoir évincé les membres de la famille Rothschild du conseil d’administration.
Accès aux archives
La bataille juridique a pris un nouveau tour ces derniers jours, Geoffrey Hoguet accusant la municipalité de lui refuser l’accès aux archives.
«Qu’essayent-ils de cacher? Pour montrer un peu de décence et de morale, ils devraient vraiment ouvrir ces dossiers. Il n’y a rien là-dedans qui devrait les préoccuper, du moins nous l’espérons, et s’il y a quelque chose, alors raison de plus pour les ouvrir», explique-t-il au Financial Times.
Le plaignant ajoute qu’il n’y aurait aucun avantage financier pour lui et sa famille s’il gagne, mais que l’affaire lui tient à cœur, étant lui-même atteint d’une maladie neurologique.
L’avocat de la ville de Vienne déclare pour sa part au Financial Times que les positions des héritiers Rothschild ne sont «pas tenables» et que le sort de la fondation a été réglé «il y a des décennies».