Les premières actions des guides-conférenciers ont commencé en juin, en collaboration avec le Collectif des précaires hôtellerie, restauration, événementiel (Cphre). Une organisation qui recense aujourd’hui près de 2,5 millions de professionnels du secteur sans ressources à travers toute la France.
Ce week-end, les Journées du patrimoine sont l’occasion pour ces guides de créer une onde de protestation nationale. Ils vont se mobiliser à travers une douzaine de villes françaises: Strasbourg, Bordeaux, Rennes, mais aussi Nice, Arles ou Toulouse.
À Paris, une centaine de guides, tout de blanc vêtus, tels les «chevaliers de la culture» sans peur et sans reproche, manifestent près du chantier de Notre-Dame. L’accompagnement musical est choisi en conséquence et donne de la solennité à l’action: un violoniste interprète la «Danse des chevaliers» de Prokofiev. Pas le genre de mobilisation à finir à la casse donc.
«Certains médias, certains élus et sénateurs sont attentifs, mais le gouvernement reste sourd. Il connaît tous les détails du dossier, mais les réponses que l’on reçoit depuis le mois d’avril sont du style ‘nous sommes en train d’étudier votre cas’, ‘nous allons faire une étude sur les guides-conférenciers’», déplore Camille Perrière, présidente de l’association des guides en japonais, au micro de Sputnik.
Pour changer de métier, il faut un répit
«Beaucoup de gens seront obligés de changer de métier. C’est pour cela que nous manifestons, pour obtenir des aides pour les salariés ainsi que pour des auto-entrepreneurs, pour leur donner le temps d’en chercher. On demande des aides jusqu’en mai-juin 2021», raconte Camille Perrière au micro de Sputnik.
«J’ai un collègue très proche qui a quitté son appartement, d’autres sont obligés de les vendre, passent par les hôpitaux psychiatriques. Voilà la situation de nos collègues», se désole François Didit, guide-conférencier depuis 18 ans, au micro de Sputnik.
La particularité du statut de guide-conférencier est que 80% d’entre eux travaillent exclusivement en langue étrangère. Et les touristes étrangers manquent aujourd’hui à l’appel, crise sanitaire oblige. «Ma clientèle était à 90 % japonaise et à 10% anglaise, explique Camille Perrière. J’aurais pu travailler en français… Mais la place est déjà prise par des guides francophones.»
Élargir l’action à l’international
«Nous espérons nous unir aux professionnels de Grèce, d’Espagne et d’Italie qui se sont également mobilisés. Nous manifestons non seulement pour avoir des aides, mais pour montrer qui nous sommes –des valorisateurs du patrimoine et des contribuables. Nous apportons une certaine richesse à la France», souligne Camille Perrière.
Tous les manifestants ont souligné que leur métier est «une vocation, une passion» et qu’ils n’ont pas l’intention d’en changer. Ils souffrent avec le patrimoine: sans les visiteurs, leur raison d’être «s’évapore».
«Une visite peut changer une vie. La disparition des guides-conférenciers fait disparaître une partie de notre patrimoine. Ce métier ne s’improvise pas: c’est une responsabilité et il faut savoir représenter la France», conclut François Didit.