Le musée du Louvre ouvre ses portes après un passage à vide dû à la pandémie. C’est ce moment qu’ont choisi 200 guides-conférenciers pour un «flash mob», afin d’attirer l’attention sur leur condition d’«oubliés du plan tourisme du gouvernement». Sans touristes, sans travail et sans espoir d’en retrouver d’ici plusieurs mois, ils craignent le pire.
«L’hiver pour nos revenus est arrivé, bien que nous soyons en plein été. C’est dramatique, en particulier pour les plus jeunes, explique Jean-Manuel Traimond à Sputnik. Il nous faut une aide du gouvernement. Beaucoup d’entre nous seront obligés de quitter le métier. Ainsi, quand ça reprendra, on va manquer de guides professionnels.»
Yolanda Arrondo, l’une des organisatrices de l’action, regrette qu’il n’y ait «aucun changement». D’autant plus que le ministère de la Culture vient d’annoncer «une mauvaise nouvelle»: les fonds de solidarité ne leur seront destinés, mais représentent un crédit «pour la restauration et les monuments».
«On est dans un angle mort, c’est pour cela qu’on leur offre un rétroviseur, pour qu’on nous remarque. Absolument rien n’est prévu pour les guides salariés», s’insurge Yolanda Arrondo au micro de Sputnik.
Mais pour Dimitri Missourkine, vice-président du SPIGIC (Syndicat Professionnel des Guides Interprètes Conférenciers), la condition difficile des guides-conférenciers, dépasse la situation actuelle liée à la pandémie.
«Notre action [à l’occasion de l’ouverture du Louvre, ndlr] est un clin d’œil, on a mis un masque avec une croix sur la bouche, puisqu’on ne nous écoute pas. Ça nous a permis également de parler des choses qui gangrènent depuis des années le tourisme réceptif en France, en général», précise Dimitri Missourkine pour Sputnik.
L’action de ses collègues du SPIGIC et d’autres collectifs, comme l’association ANCOVART, le Syndicat Professionnel des Guides Interprètes Conférenciers (SPGIC), les associations de groupements par langue pratiquée ne se limitent pas aux happenings. Un dossier complet a en effet été déposé auprès des élus du Sénat, de l’Assemblée nationale, mais aussi auprès du ministère de la Culture et du ministère du Travail. Tous veulent attirer l’attention sur le fait que «le retour à la normale n’est pas envisageable avant la saison 2021» pour les métiers du tourisme.
Le Louvre, prêt pour la reprise, selon son directeur
Mais la situation semble moins sombre pour Jean-Luc Martinez, le président-directeur du musée du Louvre. Au micro de Sputnik, celui-ci fait état d’un grand travail de préparation à l’ouverture du musée:
«Beaucoup de musées se demandaient s’il ne fallait pas interdire les conférences dans les musées. Ce n’est pas le cas du Louvre. Au contraire, nous favorisons le retour des groupes. Les guides peuvent revenir travailler, puisque nous avons autorisé les groupes de 25 personnes. L’idée, ce n’est pas interdire telle ou telle catégorie, mais de rendre la visite sécurisée: aujourd’hui, avec un casque et un micro, c’est d’autant plus possible», détaille Jean-Luc Martinez pour Sputnik.
Par contre, pour le président-directeur, qui a «œuvré avec le ministère de la Culture à rendre possible le retour des guides-conférenciers au musée», il est hors de propos de commenter la situation des «oubliés du plan tourisme» du gouvernement: «c’est à l’État de commenter cette revendication», tranche Jean-Luc Martinez.