En Côte d’Ivoire, les quatre candidats retenus par le Conseil constitutionnels pour prendre part au premier tour de la présidentielle fixé au 31 octobre sont désormais connus. Outre Alassane Ouattara, ce sont l’ancien Premier ministre (sous Laurent Gbagbo) Pascal Affi N'Guessan, l'ancien Président Henri Konan Bédié et enfin l’ex-conseiller de ce dernier, le député Kouadio Konan Bertin (dissident du parti d'Henri Konan Bédié, qui se présente en indépendant).
Un préalable toujours pas satisfait
Toutefois, les élections dont le parti de Bédié annonce le boycott… ne vont vraisemblablement pas se tenir. Son parti, le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) a d’ailleurs relevé que le gouvernement ivoirien «n’a à ce jour posé aucun acte pouvant être regardé comme un commencement d’exécution» de cette injonction de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP).
Cette cour de justice africaine avait été saisie, en septembre 2019, par l’opposition ivoirienne, et notamment le PDCI, pour contester la composition déséquilibrée de la Commission électorale indépendante (CEI, la structure chargée d’organiser les élections).
«La tenue d’élections nouvelles dans les commissions locales ne peut être regardée comme exécutant l’arrêt du 15 juillet 2020 que si les personnalités proposées par les partis de l’opposition conformément au processus de désignation décrit et validé par la CADHP ne sont pas admises dans les commissions de l’organe électoral. Par conséquent, le PDCI décide de ne pas participer aux élections des bureaux des commissions électorales locales», a déclaré le parti d’Henri Konan Bédié dans un communiqué daté du 14 septembre.
Interrogé par Sputnik sur l’éventualité qu’à terme, cette décision du PDCI implique un boycott de la présidentielle, l’analyste politique Mamadou Habib Karamoko assure que non.
«Le PDCI ne boycottera pas la présidentielle. À travers son communiqué, le parti veut seulement mettre la pression sur le pouvoir», a-t-il estimé.
Henri Konan Bédié a d’ailleurs, dans la foulée de l’annonce, ce 14 septembre, des candidats retenus pour la présidentielle, déclaré que son parti demeurerait «en ordre de marche pour la reconquête du pouvoir d'État et la construction d’une Côte d’Ivoire réconciliée, unie et prospère».
Il a également dénoncé «la validation de la candidature inconstitutionnelle» d’Alassane Ouattara ainsi que «l'exclusion arbitraire et antidémocratique de leaders politiques majeurs» comme l’ex-chef d’État Laurent Gbagbo et les anciens présidents de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly et Guillaume Soro.
Des «appendices du RHDP»
Pour Guillaume Soro –et cela reste valable pour l’opposition dans son ensemble–, il ne fait aucun doute que la CEI et le Conseil constitutionnel (présidé par Mamadou Koné, un proche d’Alassane Ouattara) sont des «appendices» du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti au pouvoir).
Lors de la présidentielle de 2010, ces deux institutions avaient été au cœur des contestations qui avaient débouché sur une crise postélectorale sanglante qui a fait plus de 3.000 morts. Cette dernière s’était déclenchée après que le Président sortant, Laurent Gbagbo, reconnu vainqueur par le Conseil constitutionnel, et Alassane Ouattara, proclamé comme tel par la CEI, avaient chacun revendiqué la victoire.