Après le déjeuner à l’Élysée en tête à tête, le 4 septembre dernier, entre Alassane Ouattara et Emmanuel Macron, les supputations sont allées bon train. Hormis trois tweets du Président de la Côte d’Ivoire, très peu a filtré sur cette rencontre qui embarrasse au plus haut point l’Élysée.
Dimanche 13 septembre sur Radio France internationale, Marwane Ben Yamed, rédacteur en chef de Jeune Afrique, a confirmé qu’il y avait bien eu une proposition de deal de la part du Président Ouattara à Laurent Gbagbo «via le Président du Niger, Mahamadou Issoufou». Il s’agirait d’une grâce présidentielle dans le cadre du casse de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), pour laquelle Gbagbo a été condamné à 20 ans d’emprisonnement, si ce dernier acceptait de rester «neutre» dans le processus électoral.
Pour Steve Beko, secrétaire général adjoint du parti Union des Nouvelles Générations (UNG), un parti ouvertement pro-Gbagbo, quel que soit le deal proposé, jamais l’ancien Président ivoirien «qui a passé trente ans dans l’opposition et a été emprisonné» n’acceptera de rester neutre dans le processus électoral. «D’autant qu’il veut rentrer pour être jugé dans l’affaire du casse de la BCEA, pour lequel il a été condamné par contumace, afin justement de pouvoir être éligible», précise-t-il dans un entretien à Sputnik.
«Il n’y a que ceux qui ne connaissent pas Laurent Gbagbo qui peuvent croire à un tel deal! Surtout sous cette forme. Jamais il n’acceptera et jamais il n’abandonnera ses convictions. Je ne crois pas en la faisabilité de ce deal surtout que ce qui lui est proposé, c’est de rester à l’étranger en attendant qu’Alassane Ouattara soit réélu», a-t-il clamé au micro de Sputnik France.
Lors de la présentation à Paris de son livre, à laquelle a assisté Sputnik France, le président de l’UNG, Stéphane Kipré, qui vit en exil depuis 2011 à cause de sa proximité avec Laurent Gbagbo, s’est prononcé en faveur d’un report du scrutin afin de permettre l’ouverture d’un dialogue politique «qui soit vraiment inclusif», a-t-il précisé.
«Lorsque le président Alassane Ouattara a décidé de ne pas briguer un troisième mandat [en mars dernier, ndlr], l’Élysée a tweeté pour le féliciter. Donc, quelle est la position de la France maintenant qu’il a choisi de briguer un troisième mandat, hors Constitution?», s’est demandé Stéphane Kipré devant un parterre de journalistes.
Pour Steve Beko, plutôt que de faire appel à la France, les Ivoiriens seraient mieux avisés de mobiliser les organisations régionales et internationales «pour éviter que la situation ne s’envenime» et que l’on assiste à «de nouveaux affrontements meurtriers, comme cela s’était produit lors des élections de 2010», insiste-t-il.
«Je suis d’accord avec la position de Stéphane Kipré. Plutôt que l’opposition aille en rangs dispersés à Paris pour essayer de faire changer d’avis Alassane Ouattara, mieux vaudrait faire intervenir l’Union africaine ou s’appuyer sur la CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, ndlr] avant que le pays ne s’embrase. Il faut éviter à la Côte d’Ivoire le scénario malien», fait-il valoir
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