Hafiz Chems-eddine, recteur de la grande mosquée de Paris, qui avait d'ailleurs engagé une procédure contre Charlie Hebdo il y a près de 15 ans, s’est exprimé dans Le Figaro à l’occasion de l'ouverture le 2 septembre du procès des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015.
Pour lui, Algérien «de naissance, de filiation et de cœur», et Français «d’adoption, d’adhésion et d’adhérence», ce procès est «celui des comparses présumés des criminels qui ont visé, tour à tour, la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, des fonctionnaires de police et nos compatriotes juifs».
«Je veux avant toute chose m’incliner devant la mémoire de toutes les victimes de ces crimes abjects et condamner cette violence, les auteurs de cette barbarie et tous leurs complices opérationnels, idéologiques, politiques et médiatiques.»
«L'islam ne pourrait jamais cautionner des crimes»
Il dit le faire avec force, sincérité et conviction car «l'islam ne pourrait jamais cautionner des crimes» et les terroristes qui s'en réclament sont «nourris par leur ignorance crasse, ils peuvent prétendre agir au nom de ma religion» ou, guidés par des théoriciens haineux, s'autoproclamer «vengeurs du Prophète Mohammed».
«En d’autres circonstances, dans un autre contexte national et international, nous n’aurions probablement jamais poursuivi Charlie Hebdo, car, en tant qu’avocat et en tant que citoyen, connaissant l’Histoire et les fondements de la République, je respecte le travail des médias qui doit demeurer libre et je savais qu’aucun tribunal ne condamnerait le journal satirique, y compris dans ses excès. Notre action visait, avant toute chose, à couper l’herbe sous les pieds des milieux extrémistes.»
«Seule la loi fixe les limites»
Hafiz Chems-eddine indique à ce propos que tous les musulmans doivent comprendre «les traditions culturelles de la satire et de l’espace démocratique qui permet toutes les expressions même celles qui paraissent excessives» et que «dans notre pays, seule la loi fixe les limites».
«Que Charlie Hebdo continue d’écrire, de dessiner, d’user de son art et surtout de vivre», résume-t-il.