Suite à la parution du livre «Flic» (éd. Goutte d'Or) écrit par le journaliste Valentin Gendrot, une enquête a été ouverte et vise à y «identifier» «les faits susceptibles de tomber sous le coup d'une qualification pénale». Elle a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), a indiqué le parquet de Paris à l'AFP.
Jeudi, la préfecture de police de Paris avait en outre annoncé avoir saisi la «police des polices» d'une autre enquête, cette fois administrative.
«À ce stade, les policiers accusés ne sont pas identifiés et les faits allégués ne sont pas vérifiés», avait ajouté la préfecture de police.
«Tabassages» et pratiques «racistes»
Violences, insultes racistes et homophobes mais aussi manque de moyens, suicide et mal-être des troupes: dans ce livre paru jeudi et dont la publication avait été tenue secrète, Valentin Gendrot raconte ses deux années mouvementées d'infiltration dans la police parisienne.
Officiant dans le commissariat du XIXe entre mars et août 2019, il a expliqué avoir assisté à plusieurs «tabassages» et témoigne de pratiques «racistes» de la part de certains policiers.
Passage le plus explosif de son livre, Valentin Gendrot assure avoir assisté à une «bavure» commise par un collègue et que lui-même a couverte avec d'autres policiers.
Lors d'un contrôle qui dégénère, un policier met plusieurs «baffes» et «claques» à un adolescent, puis des «coups de poing», selon le récit du journaliste.
Le jeune homme, dont la gravité des blessures n'est pas détaillée, est embarqué au commissariat pour une vérification d'identité.
Un PV «mensonger» est rédigé pour «charger le gamin et absoudre» le policier, affirme M.Gendrot qui incriminera lui aussi l'adolescent lors d'une enquête interne, expliquant à l'AFP avoir ainsi voulu pouvoir «dénoncer 1.000 autres bavures de ce type», même si «ça a été une décision extrêmement compliquée».
Le livre évoque aussi nombre de ferments de la grogne au long cours des personnels: politique du chiffre, voitures et locaux hors d'âge, suicide d'un collègue et hostilité de la population (un gardé à vue les invite ouvertement à se suicider), salaire de 1.340 euros mensuels nets à Paris.
Spécialiste des infiltrations, Valentin Gendrot a voulu explorer une institution «clivante» en utilisant cette méthode controversée, objet d'un débat récurrent chez les journalistes. «Ça fait bouger les lignes», a justifié l'auteur dans un entretien à l'AFP.