Une «preuve sans équivoque». C’est ainsi que le gouvernement allemand a présenté le diagnostic d’Alexeï Navalny.
Celui qui est campé dans les médias occidentaux comme l’opposant n°1 de Vladimir Poutine, malgré sa modeste popularité en Russie, aurait été, selon Berlin, empoisonné au fameux Novitchok. Une conclusion qui ne surprendra personne, puisque les méchants Russes semblent tirer un malin plaisir à n’utiliser que cet agent toxique contre les détracteurs du Kremlin.
De plus, employer un tel produit pour cibler une personne n’a guère de sens, le Novitchok étant conçu pour éliminer les ennemis par escouades entières. Or, ni les médecins russes, ni l’entourage de Navalny l’accompagnant lors de son dernier vol, ni les journalistes, n’ont subi les effets de l’agent neurotoxique. Pire, la substance létale a une fois de plus manqué son but. Tout comme l’ancien agent double Sergueï Skripal et sa fille Ioulia, qui auraient été empoisonnés au Royaume-Uni en 2018, Navalny a survécu au mortel poison. On ne saurait y voir que l’incompétence de La Main du Kremlin, rien d’autre.
«Désormais, le doute n’est plus permis: Alexeï Navalny a bien été victime d’un crime. On a voulu le réduire au silence […] De très graves questions se posent à présent, auxquelles seul le gouvernement russe peut et doit répondre», a déclaré Angela Merkel lors d’un point presse, le 2 septembre.
Pour quelle raison enfin La Main du Kremlin a-t-elle laissé son détracteur «empoisonné» partir en Allemagne? Sans doute pour éprouver la joie masochiste de subir l’impact de cette horrible révélation. Elle a en effet toutes les chances de se traduire par de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie, de compromettre la bonne entente entre Moscou et Berlin sur le gazoduc Nord Stream 2, de déclencher un nouvel épisode de guerre froide avec l’Europe…
Bref, rien de logique ni de rationnel, il ne peut s’agir que de pure méchanceté de la part de Moscou, qui se venge… de lui-même.