«Pour la première fois depuis plus de 12 ans, on a recréé des emplois industriels en France», se félicite Emmanuel Macron. En visite ce vendredi 28 août avec son ministre de l’économie Bruno Le Maire au laboratoire pharmaceutique Seqens à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), le chef de l’État a annoncé une allocation de 15 milliards d’euros à l’innovation et aux relocalisations.
«C’est un plan d’investissement pour les Françaises et les Français, et en particulier les plus jeunes, pour les aider à obtenir un emploi dans cette période si difficile, à continuer à avoir les compétences et les formations nécessaires», expose Emmanuel Macron devant la presse.
Ce dernier l’assure, le plan «France relance» est «préparé depuis des mois». Pour autant, ces aides seront-elles réservées à toutes les industries? Le Président a en effet fait part de sa volonté de «bâtir un modèle d’avenir, fondé sur le savoir, sur l’écologie et la transition écologique», évoquant la rénovation thermique des bâtiments ainsi que de la filière de l’hydrogène, des «secteurs d’avenir, en particulier le secteur pharmaceutique». Sur les 15 milliards d’euros dédiés à l’innovation et aux relocalisations, un milliard le sera sous forme d’aides directes «sur des sujets très précis». Mais pour la précision, il faudra encore attendre.
Toujours dans cette optique de coup de pouce au secteur pharmaceutique, Emmanuel Macron a évoqué la réforme «historique» des ATU (autorisation temporaire d’utilisation). Elles devraient donc être simplifiées afin de mettre «même temporairement» en circulation sur le marché des médicaments «porteur d’innovation». Exit donc le principe de précaution, si français. Emmanuel Macron évoque également une réduction de la fiscalité, toujours pour le secteur pharmaceutique. «Nous avons besoin de laisser plus de marge de manœuvre à ce secteur qui est si stratégique», justifie-t-il.
Diminution «historique» des impôts sur la production
Au-delà de ces déclarations tenues chez Seqens, le locataire de l’Élysée a rappelé la baisse «historique» des impôts de production qui doit figurer dans le fameux plan de relance. Une lueur d’espoir pour le reste de l’activité industrielle tricolore?
Le chef de Bercy annonçait une baisse «massive et sans précédent» de ces prélèvements à ses yeux «stupides» qui «pénalisent nos entreprises» et qui sont la principale raison des délocalisations et de la désindustrialisation de la France. En l’occurrence, une baisse de 10 milliards en 2021, puis 10 milliards supplémentaires l’année suivante, et ce afin de «rattraper le différentiel avec l’Allemagne» où ces prélèvements sont «cinq fois moins élevés qu’en France». Quant aux collectivités territoriales qui perdront ces recettes, elles seront «compensées intégralement et de manière dynamique», assurait le ministre.
Reste à savoir si ces initiatives seront suffisantes pour inverser une tendance lourde qui touche ce secteur de l’économie française. Sur le plan purement politique, certaines décisions passées ne plaident pas en faveur de l’image d’un État stratège. On pense aux fiascos des rachats d’Alstom, d’Alcatel-Lucent, de Technip ou encore de Lafarge, tous tombés sous contrôle étranger après qu’Emmanuel Macron a validé des rapprochements «entre égaux», fleurons français d’un côté et concurrents étrangers de l’autre, pour reproduire l’exemple d’Airbus.
Le plan de relance qui sera présenté la semaine prochaine devrait également voir ressusciter le haut-commissariat au Plan, organisme emblématique de la France d’après-guerre enterré dans les années 2000. Pour l’heure, à en croire Le Figaro, tout laisse à penser qu’il sera confié à François Bayrou. Comme le rappelait Libération, dans son dernier livre le maire de Pau «se réclam[ai]t héritier politique de Monnet» qui fut le premier commissaire général au Plan.