Les autorités algériennes maintiennent le régime sec. Contrairement aux mosquées, aux plages et aux restaurants, les commerces de vente d’alcool n’ont pas été autorisés à reprendre leur activité le samedi 15 août. À Tichy, cité balnéaire célèbre pour ses bars et ses débits de boissons, la soif guette les visiteurs. Les tavernes et les établissements de vente de vin et de liqueurs sont restés fermés sur décision du wali (préfet) de Bejaïa.
Une mesure valable pour l’ensemble des cafés et des points de vente de cette wilaya située à 250 kilomètres d’Alger.
Se considérant lésés, les commerçants ont tenu, mardi 18 août, un rassemblement au centre-ville de Bejaïa.
Flou total
Djâafar, propriétaire d’un restaurant dans la localité de Bejaïa, estime être un privilégié puisqu’il a pu rouvrir son établissement après plusieurs mois de fermeture.
«Les restaurateurs n’ont reçu aucune directive pour respecter les mesures de distanciation entre les clients. Pour ma part, j’ai fait en sorte de diviser par deux la capacité de mon restaurant et de ne permettre que deux places assises par table. J’ai agi avec logique pour protéger ma clientèle. Mais les contrôleurs de la DCP peuvent considérer que je suis en infraction et m’infliger une amende», note Djaâfar.
Marché noir
En matière de maintien de la fermeture des commerces d’alcool, Béjaïa est loin d’être une exception. Alger, Oran, Annaba, Constantine, Tizi-Ouzou et la quasi-totalité des provinces algériennes sont également concernées par cette décision. Dans la capitale, ce sont des réseaux de distribution clandestins qui assurent la commercialisation des vins et spiritueux.
La fermeture des bars et des détaillants leur a offert un marché en or et une position de monopole. Sous prétexte de «livraison à domicile», ils ont doublé le prix des produits avec en plus l’obligation de commander la bière par packs de 24 cannettes et le vin par carton de six bouteilles.
À Annaba, ville de la côte est du pays, les consommateurs doivent se rendre dans certains quartiers pour faire leurs achats. Là encore, les prix sont excessifs.
«Les autorités doivent comprendre qu’il est impératif d’ouvrir les magasins de vente d’alcool car le commerce informel risque de devenir la norme. Le maintien de cette fermeture encourage une sorte d’hypocrisie sociale. De plus, la consommation ne baisse pas, au contraire. Les clients font des stocks puis les renouvellent en permanence», explique-t-il à Sputnik.
Le gang de Mécheria
«L’hypocrisie sociale» à laquelle fait référence Mustapha cause des ravages dans l’ensemble du pays. Le 19 août, l’opinion publique a découvert avec stupeur l’arrestation, à Mécheria, ville située à 670 kilomètres au sud-ouest d’Alger dans une région supposée être conservatrice, d’un réseau illicite de commerce d’alcool très spécial. Constitué de cinq femmes et d’une fille mineure, ce gang a été arrêté en possession de 6.205 bouteilles d’alcools en tous genres.
L’information a donné lieu à une déferlante d’insultes sur les réseaux sociaux car les femmes portaient le hidjab. Un faux débat puisqu’aucune relation ne saurait s’établir avec le genre ou la coiffe. La saisie d’une aussi grande quantité d’alcool entre les mains d’un seul réseau prouve uniquement l’ampleur de la consommation dans une région censée être «pieuse». Une problématique qui se pose dans toutes les contrées d’Algérie.