Un journal tunisien parle d’un complot pour empoisonner le Président Kaïs Saïed, qu’en est-il vraiment?

Le ministère tunisien de l’Intérieur a démenti l’existence d’un complot visant à assassiner le Président Kaïs Saïed par empoisonnement, révélé par le journal Al Chourouk. Une source de la présidence a également réfuté ces informations. Néanmoins, la justice a confirmé la poursuite d’une enquête à ce sujet.
Sputnik

Vendredi 21 août, le journal arabophone tunisien Al Chourouk a rapporté des informations faisant état de l’existence d’un présumé complot visant à assassiner le Président Kaïs Saïed par empoisonnement. Des informations aussitôt démenties avec «ironie» par le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Hayouni. Des sources au sein de la présidence de la République ont également réfuté ces allégations. Cependant, le directeur de l’unité d’information et de communication du tribunal de première instance de Tunis et substitut du procureur de la République, Mohsen Dali, a annoncé lors d’un passage à Radio IFM l’existence d’une enquête sur cette affaire, déclenchée suite à la déposition d’une personne qui prétend avoir été approchée pour accomplir cette besogne en contrepartie d’une importante somme d’argent. Auparavant, le chef de l’État avait dénoncé à maintes reprises «l’existence de complots ourdis dans l’ombre».

Les révélations d’Al Chourouk

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La rédactrice de l’article du quotidien Al Chourouk, Mouna Bouazizi, a affirmé détenir des informations sûres concernant l’existence d’un contrat sur la tête du Président Kaïs Saïed, soulignant que les services de sécurité avaient lancé une enquête à ce sujet sur ordre de la présidence de la République.

Elle a expliqué d’un employé d’une boulangerie, qui fournit le pain et les friandises à la présidence de la République, avait dénoncé auprès des services de sécurité une machination orchestrée par un homme d’affaires dans le but d’empoisonner le chef de l’État. L’homme d’affaires en question lui aurait promis 20.000 dinars (6.200 euros) pour qu’il mélange un poison à la pâte réservée aux commandes de la présidence de la République. Pris de panique, le boulanger, selon le journal, a tout dévoilé à la direction de lutte contre les crimes, à El Gorjani, qui a pris ses propos au sérieux, lançant immédiatement une enquête.

Les réactions des autorités tunisiennes

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Dans une déclaration à Radio IFM, Khaled Hayouni a affirmé qu’il ne disposait d’aucune information concernant les allégations rapportées par le journal Al Chourouk, soulignant que le ministère de l’Intérieur ne se sentait pas concerné par l’article en question.

«Elle a de la chance cette journaliste qui dispose de toutes les enquêtes d’El Gorjani [et dont le ministère de l’Intérieur n’est pas au courant, ndlr]», a-t-il soutenu «sur un ton ironique».

Par ailleurs, dans une déclaration au site d’information Business News, une source de la présidence de la République a démenti toute cette affaire, assurant que «selon les investigations entreprises, il s’agit de fausses informations». «La présidence est catégorique et s'apprête à publier un communiqué officiel à ce sujet», ajoute le média.

Des informations pas sérieuses

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Cependant, dans une déclaration à Mosaïque FM, Mohsen Dali a confirmé que la police scientifique des Berges du Lac avait lancé une enquête à ce sujet. Selon lui, elle a été informée de l’affaire et de l’enquête préliminaire réalisée par l’unité des Berges du Lac.

Chargée par le ministère public, l’unité des affaires criminelle d’El Gorjani a mené une enquête qui a révélé, selon M.Dali, que les informations fournies par le boulanger n’étaient pas «sérieuses». Cependant, l’enquête est toujours en cours pour un complément d’informations, a-t-il conclu.

Le 21 juillet, lors d’une visite d’inspection à l’unité des forces militaires spéciales et au ministère de l’Intérieur, le Président Kaïs Saïed a affirmé devant la presse que «nous ferons face, avec force, à toute partie qui cherche à porter atteinte à l’État tunisien ou compte transgresser sa légitimité», selon le site d’information Webdo. «Pour ceux qui veulent conspirer avec des parties étrangères contre l’État tunisien, nos forces armées sont prêtes […]. Le chaos qu’ils cherchent à introduire dans le pays sera contrecarré par la volonté des forces de sécurité et des forces militaires», avait-il lancé.

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