Une ambiance presque morose un peu partout à Abidjan à la veille de l’indépendance

Les effets du coronavirus se ressentent sur le moral des Ivoiriens. La célébration de l’Indépendance du pays, d’ordinaire synonyme fête et de rassemblement, s’est déroulée cette année avec beaucoup moins d’enthousiasme que de coutume.
Sputnik

Une ambiance presque morose a été constatée par l’AIP un peu partout à Abidjan, à la veille de la célébration du 60e anniversaire de la Côte d’Ivoire, le 6 août 2020.

Lors d’une randonnée nocturne dans différentes communes, on a pu se rendre compte que la capitale économique ivoirienne n’a pas vibré à son rythme habituel, à la veille de la célébration des 60 ans de l’Indépendance. Les effets de la disparition du concerto depuis quelques années, point de ralliement des Abidjanais à la veille de la fête nationale, organisé habituellement non loin du carrefour Solibra à Treichville, ont été fortement ressentis.

Nuit agitée pour la police en banlieue à la veille du 14 juillet, Lyon et Paris particulièrement touchées – vidéos
Les citoyens, qui s’y rendaient massivement après le discours à la Nation du Président de la République ou alors se retrouvaient autour d’un verre dans leur quartier, se sont cette fois terrés chez eux.

La fluidité du trafic sur les ponts De-Gaulle et Félix-Houphouët-Boigny annonce déjà les couleurs de cette atmosphère maussade dans les communes d’Abidjan Sud, à savoir Treichville, Marcory, Port-Bouët, à l’exception de Koumassi. Avant 22h, presque tous les «maquis» situés sur l’avenue Nanan Yamousso étaient fermés. Il a fallu se rendre à l’Avenue 16, rue 7 barrée, pour échanger avec quelques fêtards au maquis «Le Virage».

«Il n’a pas été donné à tout le monde de voir les 60 ans de l’accession de notre pays à l’indépendance. Moi, je rends grâce à Dieu de m’avoir donné cette occasion. C’est ce qui justifie ma présence ici. Je suis venu m’amuser avec mes frères», a lâché un client, Démaho Aziz Kader, entouré de ses amis, la table garnie de bières et de nourritures.

Non loin, la boîte de nuit Avalon se démarque par son enseigne lumineuse. Le manager Kipré Wilson et quelques gros bras (loubards) attendent les habitués du coin qui généralement s’annoncent à partir de 23 h. À côté du bar, l’espace en plein air est presque vide.

Le 14-Juillet version Covid sur la place de la Concorde comme si vous y étiez
Marcory Gasoil, il est 23h30. Cet espace connu des grands noceurs Abidjanais et surtout des brouteurs, cybercriminels, peine à retrouver son monde. Le bruit assourdissant de la musique n’enlève rien à la détermination des rôtisseuses aux alentours qui expriment leur désarroi.

«D’habitude, à cette heure-là, j’ai déjà vendu trois à quatre cartons de poissons. Au moins 20 à 30 poulets. Actuellement, je peine à finir un carton de poisson», déplore l’une d’entre elles, Brou Ama Laurence.

La commune de Koumassi fait l’exception. Sur la place de l’Espérance au grand carrefour, la jeunesse communale a initié un festival à l’occasion de la célébration de la fête de l’Indépendance. Placée sous le sceau de la diversité et la cohésion sociale, cette soirée a réuni autour d’un mini-concert les jeunes de la commune. Elle a été précédée dans la journée d’une marche, a fait savoir l’un des organisateurs, Charles Condé.

Grosse surprise à l’abattoir de Port-Bouët. Les amoureux de la viande braisée ont inhabituellement déserté les lieux avant minuit. Presque personne à part le boucher Abdelaziz Dico et quelques clients qui attendent de rentrer avec leur colis.

Une exception

La commune de Yopougon (Abidjan Ouest) marque la dernière étape de la tournée. Avec sa mythique rue Princesse, cette «cité de la joie» a déjoué les pronostics. Elle est restée fidèle à son ambiance de grand jour. Il est presque 2h du matin, les maquis et les boîtes de nuit grouillent de monde.

Comme, ils s’étaient passé le mot, noceurs, managers et commerçants estiment que la psychose entraînée par la maladie à Coronavirus  (Covid-19) a beaucoup joué sur la ferveur du réveillon de la célébration de l’Indépendance.

«Les populations ont encore du mal à sortir à cause du coronavirus. La mise en œuvre des mesures restrictives a changé les habitudes», explique le manger de la boîte de nuit Avalon, Kipré Wilson, qui comme tous les interlocuteurs a émis le vœu d’une paix durable et définitive en Côte d’Ivoire.
Discuter