Le Sénat italien a voté jeudi la levée de l’immunité parlementaire de Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite), ouvrant la voie à son renvoi en justice dans une affaire de migrants bloqués en mer alors qu’il était au gouvernement.
M. Salvini est accusé par le tribunal de Palerme, en Sicile, de séquestration de personnes pour avoir refusé en août 2019, en sa qualité de ministre de l’Intérieur, d’autoriser le débarquement de plus de 80 migrants à bord du navire humanitaire Open Arms, bloqué au large de la Sicile.
Jusqu’à 15 années de prison
L’obstacle de l’immunité levé, Matteo Salvini, 47 ans, encourt jusqu’à 15 années de prison dans cette affaire si la procédure judiciaire va à son terme.
«Je suis fier d’avoir défendu l’Italie et je le referais», a réagi à chaud M. Salvini.
«Si quelqu’un pense me faire peur avec un procès à visée politique, il se trompe», avait-il lancé un peu plus tôt à la Chambre.
Dans cette procédure, il lui est reproché d’avoir bloqué en juillet 2019 durant plusieurs jours 116 migrants à bord du Gregoretti, un navire des gardes-côtes.
Et dans les deux dossiers, la Ligue avait tenté de se dédouaner en affirmant que le blocage des navires était une décision collective du gouvernement, et donc également de la responsabilité du Premier ministre Giuseppe Conte.
La Ligue créditée de 25,4% des intentions de vote
Un feu vert du Sénat à la levée de l’immunité aura «certainement des conséquences pour Salvini», dont la popularité s’est effritée depuis le début de la pandémie, devenue la principale préoccupation des Italiens devant l’immigration, son thème de prédilection, avance le politologue Franco Pavoncello.
La Ligue reste toutefois la principale formation politique de l’Italie.
«En ce moment, Salvini génère peu d’intérêt médiatique. La décision de le priver d’immunité (…) pourrait faire repartir l’attention médiatique», souligne Franco Pavoncello à l’AFP.
Cependant, «un procès pourrait être coûteux pour lui à long terme, parce que les accusations sont graves», ajoute-t-il.
Les déboires de Matteo Salvini ont commencé en août 2019. Alors ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre, il commet une erreur stratégique en provoquant une crise gouvernementale.
«Il Capitano» perd à son propre jeu: la coalition contre-nature que son parti, la Ligue, forme depuis juin 2018 avec le Mouvement 5 étoiles (M5S), vole en éclats, et son ex-allié parvient à constituer un nouveau gouvernement avec le Parti démocrate (PD, centre gauche).
Depuis, l’homme navigue dans l’opposition, sans abandonner son ambition de devenir un jour Premier ministre.