811 nouveaux cas en l’espace de 24 heures. C’est le nouveau pic de contamination enregistré par le Maroc dans la nuit du 24 au 25 juillet, un record dont le Royaume chérifien se serait bien passé. Une situation alarmante, surtout, qui a poussé Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé et son collègue de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, à décréter dans l’urgence, dimanche 26 juillet, l’interdiction des déplacements de et vers les principaux foyers de contamination que sont les villes de Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Casablanca, Berrechid, Settat et Marrakech.
Des embouteillages monstres se sont alors formés durant toute la nuit du dimanche 26 juillet, notamment devant les péages reliant Casablanca à Settat et à Marrakech. À cause de ces déplacements massifs, de nombreux accidents ont été signalés à travers le royaume.
Cette situation chaotique provoque une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Des victimes du «lockdown surprise» se disent «scandalisés» par le «cafouillage des autorités».
Nuit cauchemardesque
Imane était parmi les personnes qui ont dû se déplacer en urgence. De Casablanca, elle devait se rendre à Meknès pour retrouver sa famille. Elle affirme à Sputnik que son périple a commencé à 21h et ne s’est terminé qu’à 3h du matin. «C’était un véritable cauchemar infernal, je n’en reviens toujours pas. Le comble c’est qu’on a frôlé la mort, un autocar était sur le point de nous percuter… Je tremble en y pensant», confie-t-elle, encore sous le choc.
«Prendre une décision à 18 heures et l’appliquer à minuit, c’est tout à fait inacceptable de la part des autorités. C’est comme si on nous punissait pour la hausse du nombre de cas», proteste-t-elle.
Exaspérée par la situation inédite, la jeune femme s’était filmée en plein trajet pour montrer son désarroi.
Une foule immense dans un souk de moutons à Taourirt, à l’Est du Maroc.
Même les plus pauvres se sacrifient à cette occasion pour ne pas priver leurs enfants de l’ambiance festive. D’un autre côté, de tels achats animent le commerce d’ovins, le seul qui pourrait sauver l’économie du monde rural, où vit plus de la moitié des Marocains. C’est uniquement cette raison, purement économique, qui pourrait expliquer le maintien de l’Aïd. «Les éleveurs ont été durement affectés par la sécheresse. L’annulation de l’Aïd serait un désastre pour eux», avait déclaré Abdelfattah Ammar, président de la Chambre d’agriculture de la région de Casablanca-Settat à Hespress.
Fin mai, alors qu’une rumeur circulait sur l’éventuelle annulation de la «grande fête», Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, est lui-même monté au créneau pour la démentir. Profitant de son passage à la Chambre des conseillers, le ministre avait affirmé que les préparatifs se déroulaient normalement pour cette fête. C’est le cas encore aujourd’hui. Les autorités marocaines ont même prévu d’émettre un document spécial pour les bouchers pouvant égorger les moutons de l’Aïd. Cette autorisation est conditionnée par un test Covid-19 négatif. L’idée est clairement d’éviter que les bouchers ne deviennent un vecteur de contamination durant l’Aïd.