François Asselineau sur le plan de relance européen: «ce que ne dit pas Macron, c’est qui va payer?»

Alors que le Parlement de Bruxelles menace de bloquer le plan de relance européen, certains politiques pointent son manque à gagner pour la France. Retour sur cet accord avec l’un de ses détracteurs les plus critiques, François Asselineau, président de l’UPR, ardent défenseur du Frexit.
Sputnik

Le Parlement européen va-t-il bloquer le plan européen de relance «historique»? Ce 23 juillet, l’assemblée représentative a déploré les coupes prévues dans le budget européen, dans un texte approuvé par 465 voix, avec seulement 150 opposants et 67 abstentions. Les eurodéputés ont même menacé de ne pas approuver le budget, sur lequel le fameux plan de relance est adossé, s’il n’était pas amélioré.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a admis que ce camouflet était «une pilule difficile à avaler». Tout l’inverse donc de l’euphorie affichée ce 21 juillet en France parmi les politiques pro-européens, Emmanuel Macron déclarant sur TF1 avec enthousiasme qu’il s’agissait du «moment le plus important de la vie de notre Europe depuis la création de l’euro». François Asselineau, président de l’UPR (Union populaire républicaine), parti prônant le Frexit, n’est pas de cet avis. Il s’en explique devant les caméras de Sputnik.

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Détaillant les avantages de cet accord de 750 milliards, dont 390 milliards de subventions, le Président de la République a expliqué que la France allait toucher «40 milliards d’euros sur ce plan de relance» et sera «le 3e bénéficiaire en Europe», après l’Italie et l’Espagne. Une très bonne nouvelle pour certains… mais pas pour François Asselineau, qui en pointe les incohérences.

Qui va payer, les GAFA ou le contribuable?

Les deux pays du Sud devraient recevoir effectivement beaucoup plus, Rome touchant 172 milliards d’euros, dont 81 milliards d’euros de subventions, et Madrid 140 milliards, dont 77 milliards à ne pas rembourser.

Partant du principe que «cet argent doit être versé proportionnellement aux souffrances économiques», le président de l’UPR ne comprend pas que la France reçoive «trois fois moins que l’Espagne ou l’Italie alors que nos économies ont été touchées de la même façon.»

Plan de relance européen: «La France est perdante à tous les niveaux», selon Philippot
Seconde problématique qui préoccupe le dirigeant du mouvement pro-Frexit: «qui va payer?». Justement, Emmanuel Macron a tenu à rassurer la population, affirmant que «ce n’est pas le contribuable français» qui rembourserait ces 750 milliards d’euros. À sa place, les «grandes entreprises internationales» seraient davantage taxées à l’échelle européenne et rembourseraient ainsi cet argent emprunté par la Commission auprès des marchés. Le chef de l’État a précisé que trois projets étaient à l’étude: une taxe sur le plastique non-recyclé, une «taxe carbone» et une taxe sur les géants du numérique. Asselineau se montre pessimiste à ce propos:

«Les taxes se votent à l’unanimité. On l’a bien vu, la taxe sur les GAFA n’existe pas. M. Macron nous dit qu’on va financer ça par des taxes, sauf que les taxes européennes doivent être prises à l’unanimité et un certain nombre d’États de l’Union européenne ne veulent justement pas de cette taxe. Si ce n’étaient pas les contribuables qui étaient impactés, pourquoi est-ce que dans l’accord, on a accordé des remises très importantes aux Pays-Bas et plus encore à l’Autriche?»

Et d’ailleurs, dans l’hypothèse d’une taxation sur ces grandes sociétés, Asselineau affirme aussi que les citoyens en paieraient indirectement le prix, puisque ces multinationales reporteraient automatiquement le coût de ces taxes sur leurs clients. Rappelant que la France assure entre 17 et 20% du budget de la Commission européenne, il estime ainsi à «78 milliards d’euros» environ la somme que la France devra payer à terme. De son côté, Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI, a trouvé le chiffre de 66 milliards.

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan juge pareillement que les Français s’en acquitteront, jusqu’à «payer, avec leurs impôts, le double du montant». Pour ces trois hommes politiques, la France serait donc déficitaire nette de ce plan européen.

Presse française: «on n’est pas sur la même planète»

«Macron a tout cédé» à l’Allemagne et aux pays «frugaux», soutient Asselineau, avant d’ajouter: «la France est évidemment perdante». Une réalité absente des réactions médiatiques, plutôt dithyrambiques dans l’Hexagone, Le Monde ayant même publié une tribune estimant que «l’Union européenne est maintenant un État».

Asselineau se dit fasciné du traitement de la presse française: «on n’est pas sur la même planète». Une position qu’il partage avec le leader de La France Insoumise:

Prenant l’exemple des pays dits «frugaux», il tance une classe médiatique française dépourvue d’esprit critique face à la politique européenne du Président Macron:

«Les Néerlandais ou les Autrichiens raisonnent en tant qu’État-nation, défendant les intérêts nationaux de leur population. Nous en France, tous les médias français, radios, télévisions, magazines, ont fait silence sur le bilan coût-avantage de cette opération, et ont en revanche insisté sur un aspect idéologique […] L’apparition d’un État, c’est-à-dire que l’on voit en France que l’idéologie est au pouvoir.»

Ainsi, pour François Asselineau, le constat est amer et peu reluisant:

«Les Français ne comprennent pas grand-chose à ce qui se passe.»
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