Plan de relance européen: «La France est perdante à tous les niveaux», selon Philippot

© AP Photo / John ThysConseil européen à Bruxelles, le 20 juillet 2020
Conseil européen à Bruxelles, le 20 juillet 2020 - Sputnik Afrique
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Aussitôt acté, aussitôt célébré, le plan de relance européen provoque dans les différentes oppositions en France une levée de boucliers. Critique virulent de l’Union européenne, Florian Philippot, président du parti les Patriotes, revient au micro de Sputnik sur les raisons de cette réticence. Et elles sont nombreuses.
«Nous allons vers la souveraineté européenne dont parle Macron, mais celle-ci n’appartient pas au peuple», s’inquiète, au micro de Sputnik France le président des Patriotes, Florian Philippot.

Malgré l’enthousiasme palpable d’Emmanuel Macron, d’Angela Merkel ou encore de Charles Michel, président du conseil européen, après la signature du plan de relance européen, les critiques de cet accord «historique» ne manquent pas.

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C’est le cas de Florian Philippot, l’ancien numéro deux du Rassemblement national, fervent partisan du Frexit. Pour lui, pas de doute: cet accord fait peser une menace sur la souveraineté des États européens, en particulier la France. Ainsi veut-il démystifier la dimension «historique» de cet accord:

«Le procédé est nouveau, parce qu’il s’agit de passer par un engagement financier commun, mais la philosophie est la même qu’avant, elle est même aggravée. On a conditionné des subventions aux États à l’application de politiques qui sont des politiques à la Grecque. Soit des politiques néolibérales et d’austérité…»

Pour Florian Philippot, si «le but est le même», le procédé s’avère «encore plus coercitif et fédéral qu’avant».

En marche vers le fédéralisme?

Autre point de rupture majeur: l’argent n’est pas donné aux États pour qu’ils l’utilisent comme bon leur semble. Comme l’explique notre interlocuteur, les pays doivent présenter à la Commission européenne un plan de réformes, qui doit s’étaler jusqu’en 2023, avant de recevoir la première tranche. Et il faudra, à chaque tranche, une validation préalable par cette même Commission et par une majorité qualifiée d’États membres.

Et si un État membre estime que les politiques menées ne sont pas conformes aux engagements ou ne vont pas dans le bon sens, il peut saisir le Conseil européen pour en discuter et réprimander le pays mis en cause. Le signe pour Florian Philippot d’un «pas supplémentaire des européistes vers l’Europe fédérale».

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«Les États ne seront pas libres d’utiliser leur argent comme ils le souhaitent. C’est une surveillance totale des États membres et une mise sous tutelle qui ne dit pas son nom.»

Au-delà de la marche en avant vers une Europe fédérale qui menacerait tout le continent selon le président des Patriotes, Paris va être particulièrement pénalisé par cet accord: «La France peut être potentiellement concernée par ce schéma, car nous allons recevoir 40 milliards sur la partie subventions», prévient Florian Philippot.

La France (seule) grande perdante?

D’autres signataires s’en sortent, à différentes échelles, mieux que l’Hexagone. C’est le cas des pays dits «frugaux», qui ont négocié l’accord à coups de rabais sur leurs contributions nationales, refusant de payer pour les pays les plus durement affectés par la crise.

«Les frugaux ont défendu leurs intérêts nationaux en obtenant des rabais supplémentaires sur leurs contributions nationales. Alors qu’au départ, Macron est parti en disant que les rabais devaient être supprimés», rappelle l’homme politique souverainiste.

Ainsi la France est-elle même la grande perdante de cette séquence, insiste Florian Philippot. Car si l’Allemagne paiera plus qu’elle ne recevra, elle conservera au moins son rabais et sera donc gagnante sur le long terme. Elle récupérera l’argent dépensé aujourd’hui en exportations, prédit Philippot. Pour Berlin, l’Italie, l’Espagne et la France sont des marchés dans lesquels elle pourra vendre des produits industriels. Leur enrichissement lui est bénéfique.

​De leur côté, «l’Italie et l’Espagne vont subir la mise sous tutelle, mais ils peuvent au moins se réjouir de recevoir plus d’argent qu’ils n’ont à dépenser.» Ce qui n’est pas le cas de Paris.

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«La France est perdante à tous les niveaux: on va recevoir beaucoup moins que ce pour quoi on s’engage, on va avoir l’utilisation de l’argent que l’on reçoit conditionné à des politiques d’austérité et en plus on va payer le chèque pour les rabais des frugaux et de l’Allemagne», estime Florian Philippot.  

Les 40 milliards d’euros de subventions ne sont que poudre aux yeux, pour l’ancien député européen, car en vertu de l’accord, ce sont les États dont le PIB est le plus élevé qui devront couvrir les rabais octroyés aux pays frugaux. Ce qui est le cas de la France. Mais c’est aussi celle-ci qui contribuera en grande partie à financer les subventions à hauteur de sa participation au budget européen, soit 20%, donc 78 milliards d’euros qu’il faudra rembourser avant 2058.

«Le seul Français qui tire un bénéfice de cet accord, c’est Macron. Par idéologie, mais aussi pour avoir la gloriole médiatique et la Une du Monde. Contrairement à l’Allemagne, la France ne va rien récupérer en exportations, car l’euro a en grande partie détruit notre industrie», conclut, amer, Florian Philippot.  
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