Rachat de l’OM: la rivalité Qatar-Arabie saoudite bientôt importée en France?

Alors que les rumeurs de rachat saoudien de l’Olympique de Marseille se font de plus en plus insistantes, certains observateurs craignent une importation dans le monde du football français du conflit entre l’Arabie saoudite et le Qatar, propriétaire du PSG. Un schéma crédible?
Sputnik

«L’Olympique de Marseille n’est pas à vendre», expliquait récemment une porte-parole de Franck McCourt, le milliardaire américain propriétaire du club. Mais il ne faut jamais dire jamais… surtout au regard de l’interview qu’a donnée Mohamed Ayachi Ajroudi, porteur du projet de rachat de l’OM, au Figaro ce 9 juillet.

Dans cet entretien-choc, l’homme d’affaires a indiqué vouloir racheter l’OM avec d’autres partenaires pour venir concurrencer le mastodonte parisien et «réaliser un rêve autour de la tolérance et de la jeunesse en Méditerranée.» Pour mener à bien cette vision, Mohamed Ayachi Ajroudi, ancien homme politique tunisien, s’est entouré d’entreprises saoudiennes, émiraties, et une israélienne.

Les dirigeants qataris du PSG opposés à ce rachat

Soucieux de ne pas apparaître comme une sorte de Paris Saint-Germain bis, Mohamed Ayachi Ajroudi dément publiquement un quelconque intérêt politique de la part d’investisseurs provenant du Golfe. Une position pour le moins politiquement correcte, qui a pourtant du mal à convaincre les observateurs sportifs et géopolitiques. Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, explique sur le site de l’IRIS que les potentiels investissements saoudiens d’origine privée ou publique cachent difficilement une nécessaire manœuvre de Riyad.

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Par ailleurs, les dirigeants qataris verraient d’un mauvais œil le rachat de l’OM par ces mêmes investisseurs. Selon des informations mentionnées par La Provence, Mounir Boudjellal, qui sera le président exécutif du club en cas de rachat, craint «deux ennemis» dans cette tentative de faire main-basse sur le club marseillais: Jacques-Henri Eyraud, actuel président de l’OM, et… le Qatar, via Nasser al-Khelaïfi, président du PSG.

La vente d’un club anglais à un fond saoudien a déjà été bloquée

Depuis 2017, Riyad et ses alliés régionaux entretiennent des relations extrêmement compliquées avec le Qatar. Ainsi, l’Arabie saoudite, l’Égypte, Bahreïn et les Émirats arabes unis ont-ils mis un terme à leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Officiellement, ces pays accusent Doha et ses alliés de «soutien au terrorisme», en particulier au Hezbollah libanais, au Hamas palestinien, et aux les Frères musulmans, confrérie soutenue par le Qatar pendant les Printemps arabes.

Aussi, «le fait que le Qatar ait créé la chaîne Al Jazeera, très critique de l’Arabie saoudite, et qu’il ait des relations apaisées avec l’Iran est venu accentuer cette rivalité», explique encore Pascal Boniface sur le site de l’IRIS.

Des tensions qui se sont déjà invitées dans le championnat anglais. En effet, le diffuseur BeIN Sports, appartenant à Nasser al-Khelaïfi, président du PSG, a tout mis en œuvre pour empêcher un fonds d’investissement public saoudien de racheter le club anglais de Newcastle.

​Le propriétaire du PSG a accusé le diffuseur concurrent BeOutQ, au service des Saoudiens, d’avoir piraté ses retransmissions de matchs de la Premier League, ce qui a jusqu’ici participé à empêcher ce rachat. Dans le cas où des schémas de ce type se développeraient en France, «on aurait finalement un championnat de France qui deviendrait le lieu d’un affrontement extraterritorialisé, qui sortirait du territoire du Golfe», explique Jean-Baptiste Guégan, auteur de Géopolitique du sport (éd. Bréal).

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