«Depuis vingt ans, je me pose la même question. Comment concilier hédonisme et écologie?»
L’hédonisme responsable, voici comment Frédéric Beigbeder justifie la création du Philtre, nouvelle vodka bio, née d’une idée commune avec son frère Charles et leur ami d’enfance, le producteur Guillaume Rappeneau, sur la plage basque de Guéthary.
«Il n’existait pas en France de vodka comme j’en rêvais»
Le 25 juin, la vodka était lancée et ce 8 juillet, Sputnik était parmi les invités d’une garden-party familiale en plein cœur de Paris, afin de goûter le précieux spiritueux. La bouteille est magnifique, passant du bleu au vert. Elle a été dessinée par une maison de design madrilène, et elle est produite uniquement en verre recyclé, dans un atelier près de Venise.
«C’est une longue histoire. J’aime la vodka depuis longtemps et il se trouve que j’ai une certaine image, une certaine réputation. Un jour, Charles et venu me voir en me disant “ton image de fêtard, on pourrait peut-être s’en servir, si on lançait une vodka, ça serait mieux que si on lançait des ordinateurs quantiques”. Je ne me suis pas vexé, il n’existait pas en France de vodka comme j’en rêvais, qui soit biologique, qui soit écologique, sans sucre ajouté.»
Sa préférence pour la vodka, explique-t-il, est une affaire de génération: «nos parents buvaient du whisky, nos enfants boivent du gin». À ses côtés, Charles le corrige tout de suite en riant: «les enfants boivent du gin, mais ils aiment bien aussi la vodka!»
Chose amusante, les deux frères ne sont pas tombés dans le cliché de l’association entre vodka et Russie… même s’ils ont un temps pensé appeler le spiritueux «Feodor».
Frédéric Beigbeder, «pas assez ouvert d’esprit»
Régulièrement traduit en russe, Frédéric déclare souvent s’y rendre pour parler de ses livres. Il ne craint pas d’ailleurs de clamer «son amour pour la littérature russe», dans laquelle il note de nombreuses récurrences dans les grands classiques, que ce soient ceux de Tchekhov ou de Dostoïevski, où les protagonistes s’adonnent à cet alcool si particulier.
D’ailleurs lors de la création du Philtre, le fondateur du Caca’s Club dit s’être inspiré de «vodkas russes, vraiment classiques». Les deux frères se sont bien réparti les tâches, à Charles la structuration de l’entreprise et l’apport des financements, à Frédéric, le goût. Rejetant «la mode des alcools bizarres, des arômes originaux, des additifs», celui-ci admet n’être «peut-être pas assez ouvert d’esprit».
Au-delà du storytelling écoresponsable, Charles explique leur volonté commune de créer une entreprise à deux: «moi je crée des boîtes depuis plus de 30 ans. Frédéric crée des œuvres d’art depuis 30 ans. Et on n’avait créé quoi que ce soit ensemble». Mais ce n’est pas un joujou, se défend le fondateur de Selftrade (Boursorama) et de Poweo (Direct Énergie), détaillant l’organigramme de la petite firme.
Éviter les clichés russes sur la vodka
Et comment boire cet élixir? «Avec la bouche!» répond du tac au tac Frédéric, qui avoue sa préférence pour une dégustation à température ambiante, «où elle dégage des arômes assez riches», même si Le Philtre se déguste très bien sorti du congélateur.
«Le Philtre, c’est des arômes de café, de fève Tonka, de boisé, de vanille, plein d’arrière-goûts intéressants. En cocktail, c’est toujours un peu dommage quand tu as une vodka de haute qualité comme la nôtre.»
Tempérant encore l’ardeur de son frère, Charles déclare bien aimer aussi les cocktails, le Moscow Mule notamment, ou encore le Green Mary, fruit de leur imagination, avec du jus de tomate verte. Le hasard fait les frères, et la vodka les partenaires, semble-t-il. Quant à la promesse d’un lendemain sans maux de tête, elle n’a pas été tenue pour notre dégustateur maison. Le soleil, sans doute.