«Psychologiquement difficile à vivre»: pas de traitement propre à ce symptôme invisible du Covid-19

La perte de l'odorat, ou anosmie, un des symptômes du Covid-19, vous prive des «odeurs de la vie», un handicap invisible mais «psychologiquement difficile à vivre» et qui n'a pas de traitement propre, constate l’AFP se référant au chef de l’association Anosmie.org, Jean-Michel Maillard, et à un oto-rhino-laryngologue parisien.
Sputnik

L’absence d’odorat, provoqué par le nouveau coronavirus, peut être supportable sur une courte période, mais devient une «torture» après des mois, confie à l'AFP Jean-Michel Maillard, président de l'association Anosmie.org, devenu anosmique suite à un accident. «On découvre l'odorat quand on le perd», regrette-t-il.

«Être privé d'odorat pendant un mois, c'est pas grave. Deux mois, ça commence à être gênant. Mais au bout de six mois, vous êtes tout seul, sous une cloche de verre», raconte-t-il. «Il y a une dimension psychologique très difficile à vivre, il faut se faire aider.»

Qualité de vie altérée

Les repas s'en trouvent également perturbés car 90% de ce que nous mangeons est lié à l'odorat, explique Alain Corré, ORL à l'Hôpital-Fondation Rothschild à Paris.

«Il y a des dizaines de causes d'anosmie», explique le spécialiste, énumérant les polyposes nasales, les rhinites chroniques, le diabète, Alzheimer, Parkinson et maintenant le Covid-19.

«Quand les gens perdent l'odorat et qu'il n'y a pas de récupération, on note une véritable altération de la qualité de vie et un taux de dépression pas du tout négligeable», ajoute Alain Corré.

Il n'existe pas de traitement spécifique du trouble de l'odorat. Il faut traiter la cause mais «le problème des anosmies liées au virus, c'est que souvent, le traitement de l'infection virale n'a pas d'effet sur l'odorat», précise le Dr Corré.

Neurones détruits

Si certains patients se remettent spontanément, pour les autres, il semblerait que les neurones olfactifs, qui agissent comme détecteur d'odeurs, aient été détruits par le coronavirus. Ces cellules ont pourtant une capacité de régénérescence.

Les hôpitaux parisiens Rothschild et Lariboisière ont mis en place une étude CovidORL et testent l'efficacité de lavages de nez avec de la cortisone (le budésonide), associés à de la rééducation olfactive. Un traitement qui a prouvé son efficacité sur les anosmies post-rhume, «un espoir», pour Alain Corré.

Rééducation olfactive

La rééducation olfactive permet de continuer à stimuler les fonctions cognitives, les voies associatives qui relient la mémoire à l'odorat, développe l'ORL.

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Ses conseils: choisissez cinq odeurs dans votre cuisine -que vous aimez bien- comme la cannelle, le thym, le laurier... Respirez-les deux fois par jour, pendant 5 à 10 minutes, en regardant ce que vous êtes en train de respirer.

Avec Hirac Gurden, directeur de recherche en neurosciences au CNRS, l'association Anosmie.org a également mis à disposition sur son site un protocole de rééducation à base d'huiles essentielles diluées, fondé sur les travaux du chercheur Thomas Hummel (Dresde).

«Dès mars, nous avons reçu plusieurs centaines de coups de fil, des courriels de personnes qui avaient le Covid et qui appelaient au secours car ils ne sentaient plus rien», se souvient Hirac Gurden.

L'hiver dernier, Jean-Michel Maillard a fini sa rééducation avec les odeurs et s’est réjoui d’en sentir dix dont celle du poisson, de la cigarette, de l'huile essentielle de rose.

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