Municipales 2020: la «ceinture rouge» communiste de la région parisienne, c’est fini

Au second tour des élections municipales 2020, la «ceinture rouge» des 38 municipalités PCF en banlieue parisienne perd quelques maillons historiques. Dans certaines villes, même si l’étiquette communiste n’a pas toujours été abandonnée, les élus semblent davantage surfer sur le clientélisme local que sur les idéaux communistes.
Sputnik

Il ne reste désormais que quelques maillons de la «ceinture rouge» qui faisait le tour de Paris depuis les années 1920. En 2020, certaines mairies, comme celle de Stains, ont bien conservé l’étiquette communiste mais surtout grâce aux nouvelles unions qu’on voit naître sur le terrain.

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Dimanche 28 juin 2020, le PCF a perdu deux bastions en Seine-Saint-Denis lors du second tour des élections municipales. Dans leur fief de Saint-Denis d’abord, terre communiste depuis la Seconde Guerre mondiale, Laurent Russier a été proprement défait par le socialiste Mathieu Hanotin par 59,04% des voix contre 40,95%. À Aubervilliers ensuite, la maire sortante Meriem Derkaoui a été devancée à la fois par le candidat Divers gauche Sofienne Karroumi et par la candidate de l’UDI Karine Franclet, qui l’emporte.

Seule consolation: la reconquête de Bobigny (93), perdue en 2014. Le candidat du PCF, Abdel Sadi, y a défait le centriste Christian Bartholomé avec 55,3% des suffrages contre 44,7%. À Ivry-sur-Seine, le maire Philippe Bouyssou est confortablement réélu avec près de 66% des votes exprimés contre les candidats Divers droite et LREM. Noisy-le-Sec, une autre ville de Seine-Saint-Denis a vu la victoire du candidat communiste Olivier Sarrabeyrouse (53,47%), mais sous le slogan «Votez Noisy, votre liste de progrès social, écologique et solidaire».

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Bien sûr, d’autres mairies restent sous l’étiquette PCF: Bagneux (92), Malakoff (92), Montreuil (93), ou Nanterre (92) ont réélu leurs maires communistes. Stains aussi, en Seine-Saint-Denis. Mais Azzédine Taïbi, maire sortant réélu au premier tour avec 58%, a bénéficié du soutien de nombreuses formations politiques: LFI, Psn, Générations et EELV. Ainsi que de celui de communautés, ce qui nourrit les critiques d’un «communautarisme subventionné». Cet ancien cadre associatif et animateur, s’est récemment fait remarquer en raison d’une fresque intitulée Contre le racisme et les violences policières, peinte sur l’une des places animées de la commune. Violemment critiquée par les syndicats de police, qui se sont sentis insultés, l’œuvre a été le point d’un rassemblement du collectif Justice pour Adama Traoré. Azzedine Taïbi a défendu la fresque, refusant d’y voir «une attaque sur l'ensemble des policiers».

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Autre grand projet mûri depuis une vingtaine d’années: la future mosquée de Stains. La municipalité a fait confiance «dès le départ» et «apporté tout son soutien» à l’association stanoise du dialogue pour l’identité et la culture (ASDIC). Cet édifice religieux de 3.000 m2 matérialisera, selon Abdelkader Bouaziz, président de l’association, la vision d’un «islam authentique, contemporain et avant-gardiste». Deux symboles d’une politique communautariste efficace?

La «ceinture rouge» se délite, les crises urbaines changent de nature. À sa naissance, le combat des municipalités communistes consistait à soutenir des politiques sociales pour les 800.000 banlieusards qui vivaient dans des lotissements défectueux et non raccordés aux commodités. Notamment, la création de nombreuses habitations à bon marché (HBM), ancêtres des HLM. Aujourd’hui, ces HLM sont devenus les centres de cristallisation des tensions urbaines. La désindustrialisation de la région parisienne et le chômage ont dynamité l’assise du PCF. Désormais, pour rester aux manettes du pouvoir municipal, il ne semble plus rester que la gestion des communautés.

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