Annexion de la Cisjordanie par Israël: pour les pays arabes, «la question palestinienne n’est pas un casus belli»

Le Premier ministre israélien dit vouloir annexer une partie de la Cisjordanie en juillet. Rencontrera-t-il la moindre opposition sérieuse des États-Unis, de l’Europe ou des puissances régionales? Décryptage de David Elkaïm, chercheur au Centre français de recherche sur le renseignement, au micro de Rachel Marsden.
Sputnik

Benyamin Netanyahou a décidé que le mois prochain, Israël annexerait environ 30% des terres palestiniennes. Le résultat d’une telle opération fragmenterait la Cisjordanie au-delà de tout espoir de continuité territoriale et représenterait donc la fin de toute solution à deux États.

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Pourquoi Netanyahou se lance-t-il dans cette opération maintenant? Pourra-t-il agir unilatéralement sans conséquence? D’après David Elkaïm, chercheur au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) et auteur du livre, «L’histoire des guerres d’Israël» (Éd. Tallandier),

«Netanyahou, d’élection en élection, a été obligé de courir après son extrême droite, donc lui-même était de plus en plus à droite. Il était obligé de radicaliser son discours et ses actions pour ne pas se faire dépasser par sa droite et réussir à se maintenir au poste de Premier ministre. À la fin, c’était un peu la dernière chose qu’il pouvait dire. Maintenant, il enlève un argument énorme aux gens qui sont plus à droite que lui et qui disent qu’eux, s’ils étaient élus, ils annexeraient. Le paradoxe, c’est qu’il y a quand même des opposants à sa droite, parce que ces gens-là trouvent que l’annexion d’une partie de la Cisjordanie, ce n’est pas encore assez, qu’il faudrait l’annexer en totalité.»

Retrouvez l'entretien en intégralité sur YouTube:

Quid d’une opposition provenant des pays du Golfe? L’expert répond:

«L’Administration américaine est ultra-favorable à la position de Netanyahou et les puissances sunnites qui comptent vraiment –l’Égypte, l’Arabie Saoudite– sont tellement occupées par la question iranienne, sur laquelle elles ont des convergences d’intérêts avec Israël, que la question palestinienne n’est pas un casus belli. Elles ne vont pas déclencher la guerre ou rompre leurs relations avec Israël.»

M. Elkaïm explique pourquoi une opposition européenne serait aussi compliquée:

«Pour aller au-delà des déclarations, non seulement il n’y a pas de consensus au sein de l’Union européenne, en plus il y a des pays qui, pour des raisons historiques, ne peuvent pas vraiment être en pole position sur une ligne dure en proposant des sanctions, je pense évidemment à l’Allemagne […] Le "problème", c’est qu’Israël est devenu un acteur assez majeur dans beaucoup de produits de haute technologie, qu’en pénalisant les industries israéliennes, on se retrouverait à pénaliser pas mal d’entreprises européennes qui utilisent des composants israéliens.»
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