Messages racistes de policiers sur Facebook: Castaner saisit la justice

Réagissant à la découverte sur Facebook d’un groupe réunissant plus de 8.000 représentants des forces de l’ordre qui s’échangent des messages racistes et sexistes, Christophe Castaner a fait part de son intention de saisir la justice, a fait savoir l’entourage du Premier ministre à l’AFP.
Sputnik

Après la découverte d'un groupe privé regroupant environ 8.000 membres des forces de l’ordre et comportant des messages racistes sur Facebook, le ministre de l’Intérieur a décidé de saisir la justice, a indiqué à l'AFP son entourage.

«S'ils sont avérés, ces propos inacceptables sont de nature à porter gravement atteinte à l'honneur de la police et de la gendarmerie nationales, dont les hommes et les femmes sont engagés au quotidien pour protéger les Français, y compris contre le racisme et les discriminations. C'est pourquoi le ministre de l'Intérieur a décidé de saisir le procureur de la République», a précisé la même source, après la révélation de ces messages par le site d'information Streetpress.

Dans ce groupe baptisé «TN Rabiot Police Officiel», des membres des forces de l’ordre postent des messages homophobes, racistes et sexistes depuis des années.

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Créé le 8 décembre 2015, il se présente comme un groupe «d'informations et de débats sur la sécurité publique et la réalité du travail et des missions des forces de l’ordre». 

Pour être admis par les administrateurs du groupe, il est indispensable d’indiquer son parcours inhérent à la formation des policiers ou des gendarmes, explique StreetPress qui affirme s’y être infiltré. Le média a déclaré avoir confirmé les identités de plusieurs dizaines de membres du groupe, choisis de manière aléatoire.

Des captures d'écran publiées par Streetpress montrent ainsi des messages tournant en dérision la mort de jeunes hommes au volant de leur moto-cross ou qualifiant de «sale pute» la chanteuse Camelia Jordana qui a récemment dénoncé les violences policières.

En vertu du code pénal

Le ministre de l'Intérieur a saisi le parquet de Paris en vertu de l'article 40 du code pénal qui impose à «toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit», «d'en donner avis sans délai au procureur de la République».

«Comme il s'agit d'échanges au sein d'un groupe sur un réseau social, groupe sur lequel nous n'avons aucune information, ces éléments doivent avant toute chose être vérifiés», a commenté l'entourage du ministre.

Promesse de sanctions

La veille, Christophe Castaner avait promis de sanctionner les membres des forces de l’ordre pour «chaque faute, chaque excès, chaque mot, y compris des expressions racistes». Il a fait cette déclaration sur fond de récentes manifestations contre les violences policières en France et aux États-Unis.

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Cette nouvelle vague de débats sur les violences policières en France intervient sur fond des protestations qui déferlent aux États-Unis suite au meurtre de George Floyd, un Américain noir, asphyxié par un policier blanc lors d’une interpellation.

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