Signes d’apaisement politique en Algérie: deux célèbres détenus du Hirak bientôt libres

Détenus depuis plusieurs mois, les deux célèbres militants du Hirak en Algérie, Karim Tabbou et Samir Benlarbi, seront libérés, informe le président du parti Jil Djadid. Il affirme avoir soumis la demande lors d’une audience au Président Tebboune qui a promis d’agir, indique un communiqué du parti.
Sputnik

Avec le lancement du débat public sur la nouvelle mouture de la Constitution algérienne, le président du parti politique Jil Jadid (Nouvelle génération) Sofiane Djilali a annoncé ce mardi 2 juin avoir rencontré le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune. Il lui a demandé de prendre des mesures d’apaisement au niveau national en libérant les détenus «d’opinions», avec à leurs têtes les militants Karim Tabbou et Samir Benlarbi, indique un communiqué du parti relayé par Tout Sur l’Algérie (TSA). Le Président algérien a répondu favorablement à la demande de M.Djilali qui a annoncé la libération prochaine des deux militants, ajoute la note.

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«À la suite de l’appel public à la libération des détenus d’opinion qu’il a formulé le 14 mai 2020, M. Soufiane Djilali avait introduit une demande d’audience auprès de Monsieur le président de la République, qui lui a été accordée pour le mercredi 27 mai 2020», rapporte le communiqué.

«Le Président de la République, […] en réponse à la requête portée auprès de lui par le président de Jil Jadid, a accepté d’agir dans le cadre strict de ses prérogatives constitutionnelles et légales, et comme gage de son intention de favoriser l’apaisement et le dialogue national, pour que Karim Tabou et Samir Benlarbi retrouvent leur liberté au plus vite, au terme de la procédure présidentielle officielle», explique la note de Jil Jadid.

«Jil Jadid est heureux de cet engagement solennel du Président de la République et attend avec impatience que Karim Tabou et Samir Benlarbi retrouvent enfin la chaleur de leurs familles», conclut le communiqué.

Les faits reprochés aux deux détenus

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De 2006 à 2011, Karim Tabbou occupe le poste de premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d’opposition algérien fondé en septembre 1963 par feu Hocine Aït Ahmed, l’une des figures emblématiques du mouvement de libération nationale contre le colonialisme français. Après avoir démissionné du FFS, il fonde l'Union démocratique et sociale (UDS) dont il est le porte-parole.

Condamné en appel le 24 mars pour «atteinte à l'intégrité du territoire national», M.Tabbou purge une peine d’un an de prison ferme à l’établissement pénitentiaire de Koléa, à l’ouest d’Alger. Le militant est également poursuivi dans le cadre d’une autre affaire dans laquelle il est accusé d’«atteinte au moral de l'armée». Son procès vient d’être renvoyé pour la troisième fois et se tiendra le 29 juin au tribunal de la ville de Koléa.

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Il risque une peine de cinq à 10 ans d'emprisonnement ferme pour avoir «participé en connaissance de cause à une entreprise de démoralisation de l'armée ayant pour objet de nuire à la Défense nationale», selon le code pénal algérien. En effet, lors d’un meeting populaire le 8 mai 2019 à Kherrata, dans l’est de l’Algérie, le porte-parole du MDS a appelé les jeunes officiers algériens à «se libérer du gang qui est à la tête de l’armée!». Une vidéo de la réunion a été largement partagée sur les réseaux sociaux.

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Samir Benlarbi, militant des droits de l’Homme, a été arrêté et placé en détention provisoire en septembre 2019 par le tribunal de Sidi Mhamed d’Alger. Il a été libéré après six mois de détention. Début mars, il sera à nouveau arrêté et placé sous mandat de dépôt par le même tribunal pour «incitation à attroupement non armé et atteinte à l’unité nationale», selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Il a été transféré lundi 1er juin de la prison d’El Harrach à Alger vers celle de Koléa où sont détenus Karim Tabbou et Rachid Nekkaz.

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