«Le gaullisme n’a rien offert, rien proposé»: un ouvrage qui propose un regard critique sur de Gaulle

Henri de Kérillis s’en prenait au général de Gaulle dans son livre intitulé «De Gaulle dictateur», édité en 1945 et republié 75 ans plus tard, pour l’accuser d’avoir été ingrat envers les Alliés, d’avoir violé la Constitution à l’instar de Pétain et de ne pas avoir rendu les libertés intérieures aux Français, indique Le Point citant des extraits.
Sputnik

Passé du statut d’adepte à celui d’adversaire du général de Gaulle pendant la Seconde Guerre mondiale, Henri de Kérillis avait violemment critiqué le fondateur des Forces françaises libres dans son ouvrage intitulé «De Gaulle dictateur», paru en 1945 à New York et republié en 2020 chez Perrin, relate Le Point qui reprend certains extraits.

«S’il faut reconstruire le monde et l’Europe, il faut le faire sur des principes proches de ceux du général de Gaulle»
Les services de ce journaliste et député de droite arrivé à Londres en juin 1940 proposés au général avaient été rejetés. De Gaulle avait refusé de le charger de représenter la France libre au Canada et aux États-Unis, indique le quotidien.

Trois ans plus tard, il écrivait «Adieu de Gaulle» dans son journal et rejoignait le général Henri Giraud qui «pratique la guerre à outrance quand de Gaulle pratique la politique à outrance», poursuit Le Point.

Enfin, il a rédigé le livre «De Gaulle dictateur», dans lequel il reproche au Président du gouvernement provisoire de l’époque d’avoir violé la Constitution tout comme Philippe Pétain et de ne pas avoir été reconnaissant envers l’aide accordée par les Alliés.

Comparé à Pétain

Sur les pages de cet ouvrage, l’homme politique a été représenté comme égoïste et avide de pouvoir, en compagnie de cagoulards. En se référant au discours prononcé par le chef de la France libre à la radio de Londres le 23 septembre 1941 et au manifeste du 23 juin 1942 portant sur le besoin d’éliminer toute usurpation et de rendre les libertés intérieures aux Français, il affirmait que l’usurpation de Pétain fut remplacée par celle de De Gaulle. 

«La Constitution violée par le Maréchal le fut ensuite par le Général». Et d’ajouter que les citoyens français sont ainsi restés dépourvus de leurs libertés intérieures.

Pour le journaliste qui déniait l’existence même d’une doctrine gaulliste, cette figure emblématique de la Résistance «s’est présentée comme le héros de la guerre à outrance et le démolisseur de l’armée».

Et à un comédien italien

Il enchaînait les comparaisons, mettant sur le même pied le régime de Vichy et la politique de De Gaulle, «continuateur, à bien des égards, du maréchal Pétain»,représentant de la Résistance et destructeur du mouvement, comme «l’adversaire puis comme l’ami des Russes, des Américains, des Anglais».

L’auteur invoque l’artiste transformiste italien Leopoldo Fregoli, devenu célèbre pour ses changements rapides de costumes, pour le mettre en parallèle avec l’homme politique.

Exonérations de charges et «vieille idée de De Gaulle», le gouvernement en fait-il assez pour sauver les entreprises?
Henri de Kérillis poursuivait que «le gaullisme n’a rien offert, rien proposé», sauf une doctrine d’un «néonationalisme susceptible et ombrageux» qui «plaît aux oreilles françaises douloureuses et humiliées», créée par un «super-patriote».

Selon lui, de Gaulle a négligé «ce que la France doit être d’abord»: «une grande puissance morale, et aussi une grande puissance de l'esprit qui apporte dans un monde à la dérive des idées, des plans, des systèmes et des lumières».

Il lui adressait un message

Le journaliste a également exprimé son point de vue sur la ligne politique que le chef d’État devait suivre, notamment «limiter ses ambitions, car les aventures romantiques et glorieuses ne sont pas à sa portée» et «se borner à des éclats de coulisse diplomatiques».

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