Quand le Big Pharma rejetait une proposition de l’UE sur le développement plus rapide de vaccins

Il y a trois ans, une proposition de l’UE visant à travailler sur des vaccins plus rapidement a été refusée par les principales entreprises pharmaceutiques, affirme le Guardian. Le plan qui concernait les agents pathogènes comme le coronavirus aurait pu aider à mieux gérer la pandémie.
Sputnik

Les plus grandes entreprises pharmaceutiques ont refusé en 2017 la proposition de la Commission européenne permettant d’obtenir des vaccins plus rapidement, révèle le Guardian. Ces révélations proviennent d’un document de l’Observatoire de l’Europe industrielle publié ce lundi 25 mai, lequel examine les décisions de l’Initiative pour les médicaments innovants (IMI).

Le plan intitulé «préparation à la menace biologique» prévoyait l’accélération du développement de la recherche, notamment avec une amélioration des simulations informatiques et des modèles d’expérimentation animale, le tout pour donner une meilleure confiance dans l’approbation des vaccins.

Il concernait également des processus plus rapides d’approbation des vaccins contre des «agents pathogènes prioritaires, dans la mesure où une épidémie se déclare». L’idée n’a cependant pas été soutenue par les grands groupes pharmaceutiques, au prétexte que les maladies infectieuses sont moins rentables que les maladies chroniques.

Washington serait opposé à l’idée d’un vaccin accessible à tous

L’IMI dispose d’un budget de cinq milliards d’euros constitué de fonds de l’UE et d’organismes privés. Son conseil d’administration est composé de représentants de la Commission, de la Fédération européenne de l’industrie pharmaceutique, mais aussi de grands noms du secteur, comme GlaxoSmithKline, Novartis, Pfizer, Lilly et Johnson & Johnson, souligne le quotidien britannique.

Priorité au marché

Selon Bloomberg Intelligence, ces entreprises ont consacré près de la moitié de leurs 400 nouveaux projets de recherche au cancer, contre 65 aux maladies infectieuses. À ce propos, un rapport de l'Observatoire déplorait que l’IMI se soit «davantage concentrée sur les priorités du marché» plutôt que de «compenser les défaillances du marché» en favorisant le développement de médicaments innovants, raison pour laquelle elle a été créée.

Lors de la proposition européenne, l’élaboration de vaccins contre les maladies infectieuses n’a pas pu tenir tête à des sujets considérés comme prioritaires, comme la recherche sur la tuberculose, les maladies auto-immunes et la santé numérique, justifie un représentant de l’IMI.

«Le rapport semble suggérer que l’IMI a échoué dans sa mission de protection du citoyen européen en laissant passer une occasion de préparer la société à l’actuelle pandémie», avoue-t-elle, ajoutant toutefois que près d’un tiers de son budget a été dédié aux maladies infectieuses et aux vaccins.

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