La classe politique et les experts sécuritaires algériens sont divisés sur la réforme contenue dans la nouvelle mouture de la Constitution relative à la question de l’envoi de troupes militaires à l’étranger. Certains y voient un danger d’asservissement de l’Armée nationale populaire (ANP) aux intérêts des grandes puissances impérialistes. Alors que d’autres pensent que ce réajustement de la doctrine militaire algérienne est le bienvenu en raison de l’évolution du concept de sécurité nationale à l’aune des grands bouleversements que connait le monde actuellement.
L’amendement en question «est une protection pour l’armée»
En effet, toutes les Constitutions algériennes, depuis celle de 1964 jusqu’à celle de 2016, ont consacré le Président de la République comme «chef suprême des Forces armées et responsable de la Défense nationale». Aucune disposition dans toutes ces Constitutions n’interdisait au chef de l’État l’envoi de troupes à l’étranger, que ce soit pour participer à des batailles aux côtés d’autres armées ou dans le cadre des opérations de maintien de la paix sous l’égide de l’Onu.
Ainsi, suite au mouvement du 22 février, le Hirak, qui a remis la légitimité populaire au centre de la Constitution algérienne, le lieutenant-colonel Merah a affirmé que les articles 30 et 95 de la nouvelle Constitution définissant les conditions «de l’envoi de troupes de l’armée nationale populaire à l’étranger [sont] une protection pour l’armée».
En effet, l’article 95 autorise le Président de la République à «envoyer des unités de l’armée à l’étranger après vote de la majorité du Parlement par les deux tiers de ses membres».
«C’est une protection parce qu’elle s’appuie dans cette question sur la volonté populaire qui est incarnée par le Parlement, avec ses deux chambres. Cette disposition ferme la porte à toute action en dehors du cadre de la Constitution. Cet amendement signifie que c’est la volonté populaire qui est souveraine, et c’est elle qui décide», a soutenu Mustapha Merah.
L’armée algérienne et la nouvelle donne internationale
L’embrasement de la Libye et de toute la région du Sahel suite au déclenchement «du printemps arabe» a fait augmenter le risque terroriste sur l’Algérie et tous les pays de la région. La défaite des organisations terroristes en Syrie et en Irak et leurs tentatives de se redéployer dans la région du Sahel augmente considérablement cette menace. Et pour preuve, le 16 janvier 2013, le plus grand complexe gazier algérien de Tiguentourine à In Amenas, dans le sud du pays, a été attaqué par un groupe terroriste venu de Libye, causant la mort de 67 personnes et la paralysie de ce site stratégique pour l’économie algérienne pendant plus d’un an.
Il a expliqué que les dirigeants algériens sont tenus de comprendre ces nouveaux enjeux et promouvoir une nouvelle politique extérieure du pays en mariant «son génie diplomatique, son poids économique et sa puissance militaire avec la nouvelle donne qu’est la communication».