L’hôpital public a-t-il enfin été entendu? Dans un entretien accordé au JDD, dimanche 17 mai, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé la création d’un «Ségur de la santé». Le 25 mai prochain, le ministre réunira les partenaires sociaux et les collectifs hospitaliers pour élaborer le «grand plan» sur la Santé promis par Emmanuel Macron, lors de sa visite à l’hôpital militaire de Mulhouse le 25 mars dernier.
«Ségur de la santé» pour régler les problèmes
Pour Éric, infirmier en service de réanimation à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (94), interrogé par Sputnik lors d’un rassemblement de soignants aux abords de l’hôpital, «les promesses tant qu’elles ne sont pas tenues, écrites, je n’y crois pas». Selon lui, le gouvernement ne tient pas ses engagements car ce sont de «fieffés menteurs».
«La preuve en est, rien que la prime qui devait être donnée à tous les personnels soignants, le gouvernement fait marche arrière. Un coup ça va être telle catégorie professionnelle, dans telle région, tel hôpital. C’est n’importe quoi. Tous les personnels de France et de Navarre ont pris en charge des patients Covid-19, peu importe l’intensité, tout le monde mérite quelque chose.»
L’exécutif a en effet prévu de différencier le montant des primes selon la zone géographique des établissements. «Tous les agents travaillant à l’hôpital dans la trentaine de départements les plus touchés par l’épidémie recevront une prime de 1500€, versée quel que soit le statut ou le métier considéré. Dans les autres départements, les agents ayant travaillé dans les services COVID+ des 108 hôpitaux de référence percevront également la prime de 1500€. Les agents des autres services percevront une prime de 500€», est-il indiqué sur le site du ministère.
Des personnels hospitaliers en colère
Concernant les infirmières, le ministre de la Santé a précisé que «la nation [allait] devoir faire un effort important pour reconnaître leur rôle» en augmentant leur rémunération pour atteindre «rapidement» un «niveau de rémunération correspondant au moins à la moyenne européenne (44.000 euros par an)».
«Tout le monde découvre ce classement des pays de l’OCDE, comparé à l’Allemagne pays que tout le monde encense, l’infirmier allemand est payé 13% supplémentaires qu’un infirmier français [2.383 euros nets mensuel contre 2.070 euros nets, ndlr]. Avec l’Espagne c’est 28% [2.600 euros nets,ndlr]. Nous, on est derrière, avec le système de santé le meilleur du monde puisque c’est comme cela que l’on est présenté. C’est hallucinant», fustige Éric.
Et de poursuivre:
«Il va falloir sortir le carnet de chèques et arrêter de dilapider l’argent français et payer vraiment ceux qui le méritent, et tous les travailleurs français le méritent mais là, en l’occurrence, ça fait trop longtemps que nos salaires sont gelés et trop longtemps que le personnel hospitalier est dénigré comparé à d’autres fonctions», regrette l’infirmier.
«On arrive, on l’espère, à la fin de la crise Covid-19 et on attend des mesures concrètes du gouvernement. Cela fait plusieurs années que l’on manifeste régulièrement, nos revendications n’ont jamais changé, c’est-à-dire des augmentations de salaire, des embauches et des budgets hospitaliers à la hauteur des besoins de la population», conclut David.