Le géant pétrolier algérien se défend d’avoir vendu du carburant «défectueux» au Liban sous un contrat «secret»

Pointé par le Liban, Sonatrach nie avoir livré du carburant «défectueux». Elle affirme que le produit «répondait fidèlement aux exigences contractuelles» à la sortie du port de chargement. La compagnie pétrolière algérienne rejette toute responsabilité sur la qualité du produit au port d’arrivée, selon El Watan.
Sputnik

En avril, l’entreprise nationale d’Electricité du Liban (EDL) a informé la justice libanaise que la filiale londonienne de l’entreprise nationale algérienne des hydrocarbures Sonatrach Pétrolier Corporation (SPC) lui avait livré du carburant «défectueux» dans deux cargaisons. Mercredi, les deux anciens ministres libanais de l’Énergie, Nada Boustani et Mohammad Fneich, le directeur général d’EDL Kamal Hayek et l’ingénieur Yehya Maouloud, ont été entendus par la justice dans le cadre de cette affaire. Des mandats d’arrêt visant le supposé représentant de Sonatrach au Liban, Tarek Faoual, et plusieurs employés de la société libanaise d’inspection (PST) pour «corruption, versement de pots-de-vin, escroquerie et abus de confiance» ont été émis par la justice du pays.

Sonatrach s’explique

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Dans un entretien accordé au quotidien francophone algérien El Watan, le directeur de la communication de Sonatrach, Mounir Sakhri, explique qu’il «s’agit d’une seule cargaison», réfutant toute responsabilité de l’entreprise.

Et d’expliquer qu’«au port de chargement, elle [la cargaison, ndlr] a fait l’objet d’analyses par des bureaux d’expertise indépendants, lesquels ont établi qu’elle répondait fidèlement aux exigences contractuelles». «Ce n’est qu’à l’arrivée à destination que le ministère [libanais, ndlr] de l’Électricité et de l’Eau a demandé d’autres analyses». Ainsi, M.Sakhri affirme que la SPC Londres «n’a aucune responsabilité, à partir du moment où ce produit répondait aux normes contractuelles avant son embarquement sur le navire».

«Il n’y a jamais eu d’incidents ou de problèmes»

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Rappelant que le contrat qui lie depuis 2005 la SPC Londres au ministère libanais de l’Électricité et de l’Eau est d’une durée de 15 ans reconductible tous les trois ans, Mounir Sakhri souligne que «durant toute cette période, il n’y a jamais eu d’incidents ou de problèmes jusqu’à l’avant-dernière cargaison sur laquelle il y a eu des doutes, suivie de la dernière qui a été refusée et bloquée à ce jour à cause de l’affaire».

Concernant Tarek Faoual, d’abord qualifié par la presse libanaise «de cadre dirigeant», puis de «représentant» de Sonatrach au Liban, le responsable dit que «la personne en question est un agent maritime chargé par SPC Londres de ses affaires administratives auprès de l’administration libanaise et ses différents partenaires». «Elle ne représente pas les intérêts de SPC Londres et encore moins ceux de Sonatrach, la maison mère, qui à ce jour n’a jamais été inquiétée», précise-t-il.

«Pourquoi le contrat avec Sonatrach est-il secret?»

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Dans les deux affaires de corruption qui impliquent l’ex-ministre de l’Énergie et des Mines algérien Chakib Khelil (1999-2010), l’intermédiaire Farid Bedjaoui et les groupes pétroliers italiens Eni et Saipem, la Cour suprême algérienne a émis deux mandats d’arrêts internationaux à l’égard de ces deux personnes dans le cadre du réexamen des affaires dites Sonatrach I et II.

Lors d’une conférence de presse tenue au Parlement libanais, la députée Paula Yacoubian a expliqué qu’en 2002 et 2003, Farid Bedjaoui «était ici au Liban avec l’ancien ministre algérien de l’Énergie Chakib Khelil. En 2005, le contrat avec Sonatrach a été signé mais il est resté secret», selon l’AFP.

«Pourquoi le contrat avec Sonatrach est-il secret?», se demande-t-elle, ajoutant que l’un des suspects actuellement poursuivis «dans le cadre de cette affaire avait été naturalisé libanais dans le décret de naturalisation polémique publié en 2018», faisant explicitement référence à Farid Bedjaoui, précise le média.

«Le dossier du carburant défectueux est un énorme scandale, documenté par de nombreux rapport», insiste-t-elle, avant de mettre en garde contre ceux qui «commencent à œuvrer pour l’enterrer».

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