L'Organisation mondiale de la santé a jugé lundi 4 mai «spéculatives» les déclarations des dirigeants américains affirmant disposer de preuves que le nouveau coronavirus provient d'un laboratoire de la ville chinoise de Wuhan, berceau de la pandémie.
«Nous n'avons reçu aucune information, ni preuve spécifique du gouvernement américain concernant l'origine présumée du virus, donc pour nous cela reste spéculatif», a déclaré lors d'une conférence de presse virtuelle depuis le siège de l'organisation à Genève Michael Ryan, directeur des programmes d'urgence de l'OMS, repris par l'AFP.
Après avoir accusé la Chine d'avoir dissimulé l'émergence et la propagation du nouveau coronavirus, Washington affirme détenir des «preuves» qu'il provenait d'un laboratoire de Wuhan, et le président Donald Trump a menacé Pékin de «taxes douanières punitives».
Pour le secrétaire d'État Mike Pompeo, «ce n'est pas la première fois» que la Chine met ainsi «le monde en danger» à cause de «laboratoires ne respectant pas les normes».
L'OMS observe n'avoir pas la preuve matérielle des allégations de l'administration américaine, et souligne se fonder uniquement sur les données scientifiques à sa disposition.
«Comme toute organisation se fondant sur la preuve, nous aimerions vivement recevoir toute information sur l'origine du virus [...]. Si ces données et ces preuves sont disponibles, il revient au gouvernement américain de décider s'il peut les partager, et quand, mais il est difficile pour l'OMS de se prononcer en l'absence d'information» soutenant ces hypothèses, a avancé Michael Ryan.
«Nous nous concentrons sur les preuves dont nous disposons, et les preuves que nous avons à partir du séquençage et de tout ce qu'on nous a transmis c'est que le virus est d'origine naturelle», a-t-il précisé.
«La science doit être au centre. La science trouvera les réponses», a encore estimé ce haut responsable de l'agence sanitaire de l'ONU.
Une autre responsable de la gestion de la pandémie à l'OMS, Maria van Kerkhove, a rappelé que le séquençage du nouveau coronavirus avait permis de déterminer qu'il provenait des chauve-souris et qu'il avait été ensuite probablement transmis à d'autres animaux sauvages vendus sur un marché de viande à Wuhan avant de contaminer l'homme.
L'OMS a offert à la Chine de concourir aux recherches scientifiques. «Nous pouvons apprendre des scientifiques chinois», selon Michael Ryan. Si les questions sur l'origine du virus sont «exprimées comme une investigation agressive d'une faute, je crois que ça peut être beaucoup plus difficile à gérer. Ca devient une question politique», a-t-il mis en garde.